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Tout le monde sait que le président
Bouteflika a fait de l'éradication de l'habitat précaire une question d'honneur
et qu'il s'est fait un but d'y arriver. Nous voyons des bâtiments construits un
peu partout à travers le territoire national, des programmes spéciaux pour la
résorption de l'habitat précaire et même les douars et autres constructions
rurales ont bénéficié de l'aide de l'Etat pour permettre aux citoyens de vivre
dans des conditions décentes. Et nous pouvons nous rendre compte que dans
beaucoup de nos contrées les conditions de vie sont devenues meilleures.
D'aucuns diront que ce n'est que justice et que c'est le droit le plus
élémentaire des citoyens que de bénéficier d'un logement décent.
Ceci est vrai mais il y a l'autre revers de la médaille: plus il y a des logements construits, plus il y a des demandes ! Nous connaissons tous l'histoire des baraques des bidonvilles vendues à coups de millions par les bénéficiaires de logements et qui laissent d'autres à leurs places. Les pouvoirs publics avaient beau construire et reloger les habitants des bidonvilles, il y en avait toujours et même un peu plus. Cette situation a conduit les autorités à raser les bidonvilles aussitôt leurs occupants relogés et nous pouvons dire qu'elles y ont réussi partiellement. Plusieurs sites qui abritaient des bidonvilles ont été vidés de leurs excroissances hideuses et utilisés pour autre chose, plus utile. Mais nous assistons depuis quelque temps à une autre forme d'occupation des lieux abritant des bidonvilles: des gens, venus de nulle part, construisent de nuit ou durant le week-end des baraques de fortune dans des sites abritant déjà des bidonvilles et attendent d'être relogés lors des multiples opérations entreprises durant ces jours «bénis». A noter que la plupart de ces nouveaux «démunis» ont des habitations ailleurs, dans la même ville ou dans d'autres régions, et usent de ce stratagème pour bénéficier d'un logement, au détriment de ceux qui sont véritablement dans le besoin. Bien sûr, d'aucuns diraient qu'ils sont facilement identifiables et donc qu'on peut les écarter, mais c'est justement là que ça ne marche plus. En effet, ceux qui sont censés veiller au grain se rejettent la balle en se cachant derrière la loi qui permet ou ne permet pas. Entre-temps, les baraques poussent comme des champignons, les nouveaux venus se frottent les mains et jurent qu'ils bénéficieront d'un logement, sinon? Du côté des citoyens, les langues se délient dès qu'on en parle et chacun y va de sa version. «On les a ramenés d'autres régions pour leur donner des logements». «Vous allez voir, ils vont être relogés avant les citoyens originaires de la ville». Les commentaires de la plupart des citoyens, surtout ceux qui ont des demandes de logement déposées depuis plusieurs années. Pour le wali, ces nouvelles baraques ne pourront en aucun cas être prises en compte puisqu'un recensement a déjà été réalisé et les noms de ceux qui étaient au début sont les seuls qui se verront reloger. Bien sûr, personne ne doute de cela si le recensement a effectivement été mené et si les listes ne seront pas «corrigées». Ces soupçons ne sont pas le fait de quelqu'un en particulier mais dictés par le bon sens: pourquoi se taire maintenant et laisser ces gens construire des baraques pour leur dire par la suite qu'ils sont exclus du relogement, pourquoi ne pas les empêcher maintenant, surtout que ces sites ne sont ni nombreux ni trop vastes et que leur surveillance est assez aisée. Les citoyens, échaudés, se rappellent les listes comportant les noms de gens aisés et autres. Pourtant, jusqu'à maintenant, les bénéficiaires sont montrés du doigt. «Même les pouvoirs publics n'ont rien fait pour remettre les pendules à l'heure», font remarquer, blasés, certains citoyens que nous avons approchés. Il faut dire donc que, malgré le nombre très important de logements construits dans le cadre du programme présidentiel et la politique d'éradication de l'habitat précaire, nous risquons de voir toujours les prédateurs et autres sangsues profiter pleinement de ces logements, au détriment de la tranche la plus défavorisée de la population, surtout si le même sentiment d'impunité demeure. |
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