
La décision des autorités locales de
Ghardaïa d'ouvrir à proximité de la ville de Bounoura, un grand marché à ciel
ouvert, de trabendo et des produits informels, qui se tenait chaque vendredi
sur une aire en plein oued M'zab, a complètement perturbé les commerçants
détenteurs d'un registre de commerce légal.
Il en est malheureusement de même sur la
place Andalouse, au niveau de Ghardaïa, le chef-lieu de la wilaya, où selon
leur avis, de nombreux commerçants s'estiment lésés. Car ces faux commerçants
en croissance continuelle, qui débarquent des quatre coins du pays, exercent de
manière illégale et ne s'acquittent nullement des impôts et autres droits
auxquels ils devraient être soumis. A Ghardaïa, les commerces illicites sont
donc légion et se pratiquent au grand jour sans que les services concernés
n'interviennent. En effet, les places publiques, les trottoirs voire même les
oueds sont constamment squattés par ces vendeurs à la sauvette qui étalent
leurs marchandises à même le sol. Les citoyens attirés par les prix très
abordables achètent et découvrent en rentrant chez eux qu'ils se sont fait
arnaquer, le produit étant de très mauvaise qualité ou purement et simplement
périmé. Pour ceux qui consomment sans regarder, ils se retrouvent souvent à
l'hôpital pour intoxication alimentaire. Autre phénomène plus inquiétant, les
places publiques et les trottoirs étant devenus la propriété exclusive de ces
faux commerçants, les piétons sont obligés d'enjamber les amas d'ordures ou de
circuler sur la chaussée, ce qui encombre la rue, cause bien des désagréments
aux automobilistes et provoque parfois de graves accidents. En dépit des
réclamations des commerçants et de l'Union des commerçants, aucune autorité ne
semble disposée à réagir pour mettre un terme à l'anarchie qui s'installe au
fil des jours à Ghardaïa. Certaines familles qui habitent aux abords de ces
lieux de commerce sont de ce fait condamnées à ne pas bouger de chez elles. Les
conditions d'hygiène sont des plus déplorables. Marcher ou plutôt pouvoir se
faufiler dans les dédales des trottoirs et des placettes occupés relève de la
virtuosité. Devant la porte d'un tel commerçant, au bord de la route ou bien à
même le sol au milieu de la chaussée, tout espace est le bienvenu. C'est
d'ailleurs cette passivité qui a fait dire, à juste titre, à ces commerçants
légaux détenteurs d'un registre de commerce, «jusqu'à quand cette situation
va-t-elle durer ?». Concluant qu'à Ghardaïa, il n'y a même pas un service
minimum de l'Etat, qui puisse arriver à éradiquer définitivement cette nouvelle
race de faux commerçants, qui nous ravissent les clients, et mettre fin à ce
fléau qui se généralise et perdure en l'absence de contrôles rigoureux. «Le
négoce en tous genres est certes libre mais il doit répondre à certaines
obligations fondamentales, comme l'inscription au registre de commerce, la
possession ou la location d'un local, d'un fonds de commerce? Jusqu'à preuve du
contraire, aucune loi dans notre pays n'autorise le commerce illicite et
informel, quel que soit son genre».