L'observateur a certainement constaté qu'à
ce jour, alors que nous sommes au printemps, beaucoup d'arbres de la ville de
Béni-saf n'ont toujours pas été, comme de coutume, taillés ou plutôt subi la
traditionnelle coupe ornementale. Par le passé, cette opération se faisait soit
en automne soit au printemps, en prévision de la saison estivale. Mais cela
peut se faire, nous dit-on, à n'importe quel moment de l'année. La plupart des
arbres de la ville de Béni-saf sont à feuillage touffu et leur éclaircissage
n'a pas de saison particulière. L'intérêt de cette action est de permettre leur
entretien et aussi leur embellissement et bien sûr celui de l'artère. Sur la
rue de la République, artère commerciale, il y a les ficus, des arbres qui, par
excellence, n'ont pas besoin d'être dense pour être jolis. Taillés, ils ont
plus d'éclat et exposent une verdure plus attirante. La tradition a toujours
pris rendez-vous avec une «coupe» des arbres. «Le travail des agents communaux
d'antan était tellement bien fait qu'on pouvait croire que les arbres sortaient
d'un salon de coiffure», a si bien dit Ammi Ali. Il est vrai qu'une forme
cubique millimétrée était obtenue à l'aide d'un gabarit en contreplaqué
confectionné en atelier. Aujourd'hui, vous pouvez vous promener sur cette
artère, vous verrez des branchettes des ficus qui dépassent de partout
défigurant toute l'artère. D'ailleurs un autre citadin a eu, peut-être, le bon
cliché: «On se croirait dans une forêt tellement les branches tombent de
partout. Avant d'ajouter: «Et si ces arbres ne sont pas taillés avant l'été,
les moustiques vont nous rendre la vie infernale». Pour dégager la devanture de
leurs magasins, certains commerçants de cette rue n'ont pas hésité à se
transformer en tailleurs d'arbres. Dire aussi que, sans en avoir la main, ils
le font très bien. Par ailleurs, la nuit, avec un éclairage public qui laisse à
désirer, cette artère prend un décor «hitchcockien». Même constat sur la rue de
la Palestine où là, ce n'est pas l'arbre qui cache la forêt mais l'arbre qui
cache? la rue! Pauvres arbres!