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Un patron d'entreprise publique qui démissionne, des
salariés qui organisent un sit-in pour le soutenir, un ministère de tutelle qui
s'occupe comme si l'avenir de son secteur dépendait de l'avenir d'une employée?
Voilà les ingrédients de la nouvelle affaire qui met Mobilis sur le devant de
la scène. Et par son mauvais bout.
Qu'on se le dise : un employé, même s'il est le descendant d'un ponte du syndicat officiel, a le droit de défendre ses intérêts. Mais par les canaux prévus à cet effet au sein de l'entreprise ou en recourant, s'il s'estime lésé, à la justice. Un ministère est normalement trop occupé à concevoir et à mettre en œuvre une politique sectorielle et à faire de la prospective. Tellement occupé qu'il n'aurait guère le temps de se préoccuper de la gestion de carrières d'employés de niveaux intermédiaires des entreprises du secteur qu'il supervise. Les premiers éléments d'informations disponibles sur les raisons qui ont poussé le DG de Mobilis à démissionner donnent à penser qu'on a eu recours à la machine à remonter le temps. A une période où la notion de gestion autonome des entreprises publiques n'existait pas et où un ministre s'occupait de tout, de la désignation de l'éminente fonction d'appariteur au choix du mobilier, en passant par la couleur de la moquette. Cet anachronisme est inquiétant. Par touches successives, on a remis en question les indéniables progrès conceptuels en matière de gestion quotidienne du secteur public. Les patrons des entreprises publiques ont fini par adopter un profil bas qui contraste avec les discours officiels qui aimeraient redonner de la vitalité à un secteur clé pour toute politique de développement. Comment prendre des initiatives quand des actes de gestion ordinaire sont censurés par les tutelles ? C'est comme si l'on mettait des poids de vingt kilos sur le dos d'un coureur et qu'on lui demandait de battre des records de vitesse. La remise en cause d'un «libéralisme» débridé doit-elle se traduire par le retour à un dirigisme bureaucratique dont personne ne peut contester les méfaits ? Il y a dans l'acte de démission silencieuse ? elles le sont toujours en Algérie ? une sorte de protestation contre la perte de toutes les marges d'action des gestionnaires du secteur public. Si cet état d'esprit est général, comment croire à la viabilité d'une stratégie industrielle s'appuyant sur la relance du secteur public ? Cela n'est possible que si les gestionnaires de ce secteur vital sont non seulement responsables, mais également entreprenants et imaginatifs. Si les tutelles se mettent à se mêler même de la manière dont ils dirigent et affectent leurs personnels, on peut dire qu'on leur intime l'ordre de ne plus bouger, de ne plus rien faire? Pour de nombreux Algériens qui lisaient la presse dans les années 80 et suivaient les débats de l'époque, les raisons apparentes de la démission du DG de Mobilis s'apparentent à un remake cauchemardesque. |
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