Les enseignants contractuels n'ont pas pu tenir, hier, leur sit-in prévu
devant la présidence de la République, à l'appel de leur conseil national
(CNEC). Les enseignants contractuels venus de plusieurs wilayas (Alger, Blida,
Tizi Ouzou, Aïn Defla, Relizane?) ont eu beaucoup de peine à se rassembler en
raison du dispositif sécuritaire mis en place hier matin et qui a repoussé les
contractuels qui se trouvaient sur les lieux plus bas vers le lycée Bouamama
(ex-Descartes). C'est la deuxième fois depuis janvier dernier que les
contractuels essaient de se regrouper devant la présidence pour faire entendre
leurs revendications relatives à leur intégration dans le corps enseignant. Ils
ont organisé de nombreux sit-in devant le siège du ministère et des directions
de l'éducation nationale et avaient même observé une grève de la fin. Pour le
ministère de l'Education nationale, le problème de ces enseignants ne se situe
pas à son niveau mais au niveau de la fonction publique, seule habilitée à les
permaniser et par voie de concours. Mais pour les contractuels, c'est le manque
de concours et les «passe-droits» qui posent problème. Ils estiment que la
tutelle «ne fait pas assez» pour organiser les concours d'entrée et lorsque
cela se fait, «ce ne sont généralement pas les contractuels qui seront reçus
mais les nouveaux diplômés», confie une enseignante de Blida qui attend une
éventuelle intégration dans le corps enseignant depuis 15 ans. F.S., une
enseignante en gestion et comptabilité qui a passé son concours en novembre
dernier, n'a pas été retenue pour passer son examen oral. Elle explique que le
concours national a concerné plus de 900 postulants pour la wilaya d'Alger et
ce pour pourvoir seulement 6 postes budgétaires, prévus pour sa matière
comptabilité et gestion. « Combien de temps faut-il attendre pour le prochain
concours ? Aurais-je la chance un jour d'être reçue ? », s'interroge-t-elle.
Ces enseignants parlent surtout de l'engouement des postulants pour pourvoir à
seulement quelques postes. Cela est valable pour toutes les wilayas, a indiqué
leur représentante syndicale. « Pourquoi la tutelle ressasse à chaque fois les
mots expérience et compétence et ne pas faire ce qu'il y a lieu de faire pour intégrer
définitivement les contractuels ? », s'est interrogé A.S. de Aïn Defla. Son
compagnon, lui aussi enseignant, s'inquiète qu'à son âge (plus de la
quarantaine), il se trouve dans la précarité et ce malgré le fait qu'il soit
enseignant depuis plusieurs années. Des contractuels évoquent aussi un «double
jeu» du ministère de l'Education. «Ce dernier brandit quand ça l'arrange la
carte des contractuels pour menacer de remplacer les grévistes et une fois la
grève finie, on fait comme si nous n'existions pas», affirme une enseignante en
philosophie. Aux environs de 15 heures, les éléments des services de sécurité
ont évacué par bus les récalcitrants qui se trouvaient à proximité de
l'ex-lycée Descartes.