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Santé: Les médecins gèlent leur grève

par Moufida R.

L'intersyndicale des praticiens de la santé publique qui regroupe les deux syndicats autonomes de la santé, le SNPSP et le SNPSSP, a décidé de geler son mouvement de grève et de reprendre le travail à partir d'aujourd'hui.

C'est ce qui a été annoncé hier, lors d'une conférence de presse au siège de l'entité à Hussein Dey. Néanmoins, les présidents des deux syndicats qui ont animé la conférence ont fait savoir que «le gel de la grève est provisoire et la grève peut reprendre à tout moment». Ils ont également annoncé l'organisation le 3 avril prochain d'«un méga rassemblement» dans l'enceinte du CHU Mustapha Pacha, auquel ils envisagent de convier pour y participer «les syndicats de l'éducation qui ont subi le même sort». Ils ont indiqué que les médecins contestataires vont porter un brassard noir en signe de deuil car, selon les orateurs, «on assiste à la mort de la santé publique, l'école publique et de toutes les libertés syndicales et collectives et notamment au droit inaliénable à la grève». L'intersyndicale a décidé en dernier recours de déposer plainte contre les pouvoirs publics pour violation des droits syndicaux et des relations de travail aux instances internationales à savoir le BIT, OIT et la Ligue des droits de l'Homme.

 Le Dr Mohamed Yousfi, président du SNPSSP, a d'emblée remis en question la décision de justice leur intimant de reprendre le travail. Il a déclaré qu' «aucune notification ne nous a été parvenue» et que «les médecins grévistes sont victimes de l'arbitraire» en soutenant que «contrairement aux allégations du ministre, le service minimum a été assuré». Il poursuit en indiquant que «les conseils nationaux des deux syndicats se sont réunis les 25 et 26 du mois courant pour étudier les rapports des assemblées générales de wilaya qui ont été tenues les mardi et mercredi pour décider du gel de la grève, mais ce n'est qu'un temps de répit avant de voir plus clair et discuter avec la base des actions à mener dans l'avenir». Et d'ajouter : «les pouvoirs publics n'ont pas tenu leurs engagements et nous attendons toujours que le président de la République intervienne». Pour le Dr Lyès Merabet, président du SNPSP qui l'a relayé, «pour les pouvoirs publics , dira-t-il, nous ne sommes que des syndicats issus d'un pluralisme de façade, la preuve en est qu'on ne nous prend pas au sérieux mais nous restons mobilisés car, notre cause est juste et nous ne jouerons pas aux figurants et les faire-valoir de la démocratie», en enchaînant, «nous savons que le combat est d'abord celui du droit et de la liberté mais nous ne sommes pas le porte-parole de la société, il faut que toutes les franges sociales s'y impliquent». A une question posée sur les actions qu'ils comptent mener avec les syndicats de l'éducation qui ont subi le même revers de situation, et qu'en est-il de la fameuse fédération des syndicats autonomes en stand by, le Dr Merabet répliquera que «effectivement, cette entité qui devrait regrouper ces syndicats est à l'état d'ébauche et que présentement des discussions sont en cours pour accorder les violons en vue d'actions communes, notamment avec les syndicats de l'éducation».

 Pour rappel, le ministre de la Santé Said Barkat a décidé «de mettre en œuvre des mesures prévues par la réglementation du travail après avoir enregistré avec regret la poursuite de la grève des praticiens de la santé publique », a-t-il indiqué lundi dernier dans un communiqué rendu public. « Il sera ainsi procédé, a-t-il déclaré, à la retenue sur salaire pour l'ensemble des journées de grève et l'envoi de mises en demeure individuelles à l'ensemble des praticiens en abandon de poste», ajoutant qu' «à l'issue de ces procédures, les mesures de révocation seront entamées contre tout praticien qui n'aura pas rejoint son poste de travail». En invitant «l'ensemble des praticiens de santé publique à rejoindre leur poste de travail» en déplorant néanmoins que «malgré les avancées enregistrées dans le traitement des revendications socioprofessionnelles et la tenue de nombreuses séances de travail et de conciliation avec les bureaux nationaux des partenaires sociaux concernés, la grève a été maintenue». En ajoutant que «bien que la justice ait ordonné l'arrêt de la grève et la reprise du travail, le ministère avait privilégié la voie du dialogue et de la concertation pour que le traitement des doléances des partenaires sociaux se fasse dans un climat de sérénité et sans prendre en otage la santé du citoyen». Les praticiens et spécialistes de la santé publique avaient engagé leur mouvement de protestation il y a quatre mois, pour revendiquer une révision de leur régime indemnitaire et l'octroi d'un quota de logements de fonction.