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Le sujet n'est pas bon, vous pouvez même ne pas lire cette
chronique, mais c'est un devoir d'hygiène. Il faut en parler comme autrefois on
devait se laver les mains (avant le repas à l'époque de Boumediene, après un
appel d'offre, à l'époque de Bouteflika). Il s'agit de Amr Moussa et de la
Ligue arabe qui allait se mordre la queue en Libye à partir d'hier. C'est le
sujet le plus insipide dans l'histoire du journalisme d'un Algérien, bien avant
les articles sur les labours semailles ou la voiture «Fati». Dans la culture
générale d'un «arabe», la Ligue est une chose qu'il apprend à détester très tôt
dans son parcours de prise de conscience. L'artefact de cette identité quasi
«raciale» a fini par incarner ce que chaque «arabe» déteste en lui-même et dans
son régime national. Pour la chronologie, la Ligue se réunit à chaque fois que
le désespoir et l'impuissance collectifs deviennent un repas obligatoire pour
tous. Du coup, l'histoire de cette institution a fini par devenir l'histoire
des impuissances de notre histoire. Le pire est qu'avec la mort du panarabisme,
les enfants de Nasser ne sont plus des enfants mais des vieillards
insoutenables, durs, méfiants et coupables de dix mille meurtres. Si Nasser ne
leur a rien laissé, eux ils laissent presque tous un pays à leurs enfants. Le
plus amusant dans cette photo de groupe est que la tendance Nasser a fini par
perdre au profit de celle de Fayçal. Explication par l'histoire : on avait à
l'époque de l'époque deux familles, celle des colonels putschistes et des
monarchies héréditaires sous formule «Lawrence d'Arabie». Boumediene, Kadhafi
ou Nasser ; le Roi Fayçal, le Roi Hussein ou d'autres. Les choix monarchiques
ont fini par gagner sur le populisme socialiste. Aujourd'hui, la Ligue arabe
est composée de Roi et de Princes. Leurs peuples les détestent ou les
subissent, l'Amérique peut les pendre, Israël les maltraite comme un
chewing-gum et les frégates occidentales de la Méditerranée peuvent les élire
ou les déposer.
Passons cependant. Tout cela on le sait tous. Et s'il faut parler de la Ligue c'est seulement pour rappeler que c'est une grosse moquerie «arabe». Non seulement tous ses membres sont mal élus ou ne le sont même pas, encore il fallait y ajouter la figure herbivore de Amr Moussa. Ce fonctionnaire absolument Egyptien est la pire insulte qui nous est faite par nos colonels et président fraudeurs. Non seulement il ne sert à rien, mais il ne sert que ce pays qui se prend pour notre mère à tous : l'ex-Egypte. Secrétaire général de cette ligue depuis des décennies, il est non « élisible», inchangeable, non touchable. L'ex-Egypte chez qui il travaille, ne le veut pas et les autres arabes de services s'accommodent de cette dictature, dictateurs comme ils sont tous. A l'occasion donc, il fallait rappeler cette félonie et rappeler que la Ligue arabe a son siège en ex-Egypte, que son SG est égyptien et il l'est à vie, que cette ligue est une entreprise qui emploie 500 Egyptiens dont l'ex-pays ne paye même pas ses cotisations et que personne ne va en parler durant le sommet de la Libye. Offrant la plus risible des caricatures : demander à un pays colonisateur, Israël d'arrêter de coloniser au nom de notre demande. Oubliant dans le tas que Israël est une colonie mais aussi une démocratie. A la fin ? Cela donne à vomir. On est fatigué de la «cause palestinienne» commerciale, du Golan irrécupérable par les courbettes, de cet Israël qui ne veut pas cohabiter, de l'Iran qui veut venger le meurtre de Ali par une bombe nucléaire et de tout ce qui ressemble à Amr Moussa et de cette arabité qui au lieu de se faire culture et patrimoine nous oblige à manger le cadavre d'un mort qui n'est ni notre ancêtre, ni notre parent. D'ailleurs, si l'arabité a pour portrait ce Amr Moussa et ses employeurs, le chroniqueur n'en veut pas. Pas même par politesse. Il préfère élire un buisson à Timimoun qu'un eunuque au Caire. |
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