Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les syndicats étonnés«Barkat veut discréditer les praticiens»

par Salah-Eddine K.

Les praticiens de la Santé, par le biais de leurs syndicats (SNPSP et SNPSSP), ont répondu hier aux propos tenus dimanche par le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Saïd Barkat, lors de l'inauguration du Salon du générique à Alger.

 Les représentants syndicaux des praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique ont répondu fermement aux déclarations du ministre de la Santé et se déclarent «étonnés de la virulence, des contradictions et des contrevérités émises par le ministre de la Santé à l'encontre des praticiens de la santé ».

 Prenant la parole tour à tour, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue hier, Dr Mohamed Youcefi et Lyes Mérabet ont voulu mettre les choses au point en prêtant au ministre de la Santé l'intention de «vouloir discréditer les praticiens de la santé aux yeux des citoyens ».

 Le ministre, dans ses propos, avait accusé les praticiens de la santé de fuir leur responsabilité de médecins en qualifiant leur grève d'illégale. Le courroux des grévistes est d'autant plus fort lorsque le ministre de la Santé se «contredit avec soi-même». «Alors que nous nous sommes engagés dans un dialogue qui signifie que les parties sont bel et bien dans un cadre prévu par la loi 90-02, qui prévoit justement des négociations entre les parties adverses, le ministre de la Santé trouve que notre grève est hors-la-loi», dira l'un des intervenants. Dr Youcefi ajoutera que «cela veut bien dire que nous sommes dans le cadre de la loi et nous avions suivi toute la procédure avant de débrayer. Si notre grève était illégale, alors pourquoi la tutelle nous appelle au dialogue dans le cadre des commissions de conciliation même si le dialogue reste infructueux ?», s'est-il interrogé.

 Second argument, les praticiens s'interrogent sur le pourquoi de cette sortie du ministre alors qu'ils avaient suspendu leurs actions corollaires à la grève (marche rassemblement, sit-in?) après que leurs représentants syndicaux aient été reçus au niveau de la présidence de la République mercredi dernier. Ce qui a permis, selon eux, «tous les espoirs de voir les doléances des praticiens prises en charge par le premier magistrat du pays». «Alors, pourquoi on vient après quatre mois de grève par ces propos torpiller ces espoirs ? », s'est interrogé pour sa part Lyes Mérabet.

 Répondant aux «accusations» du ministre de la Santé en ce qui concerne le «fait» que les praticiens grévistes «s'en sortent bien puisqu'ils travaillent dans des hôpitaux privés» et dont les effet négatifs sur le secteur de la Santé publique sont évidents et pénalisant les malades, les praticiens disent refuser de tels amalgames. Ils précisent que seuls une infime minorité de praticiens spécialistes est concernée et elle y est dans le cadre d'une loi relative à l'activité complémentaire. Loi dont les praticiens demandent le gel en améliorant leurs conditions socioprofessionnelles. «Cela va dans l'intérêt du malade, du praticien et de la santé publique», soulignent-ils.

 «Le ministre avait reconnu la pertinence de nos revendications et s'est même dit solidaire avec les praticiens. On ne sait d'où vient ce revirement».

 Les deux syndicats ont précisé, par ailleurs, qu'ils n'ont à aucun moment «exigé» des logements de fonction pour retourner à leurs services, mais ils ont posé le problème à la tutelle qui a accepté d'étudier ce dossier. D'ailleurs, le logement de fonction existe pour toutes les fonctions et est un droit, précisent-ils. «Nous n'avons jamais fait chanter quiconque sur ce point».

 Les praticiens ont enfin précisé que c'est eux qui ont conçu le dispositif du service minimum et qu'ils appliquent avec largesse. Pourtant, c'est à la tutelle de s'enquérir la première de la gestion du service minimum.