Les immigrés de Belgique et du Luxembourg ont engagé un pari fou lors des
meetings populaires tenus à l'occasion de la campagne électorale présidentielle
du printemps dernier : profiter de ces rassemblements pour fonder une
association qui fédère tous les Algériens de ces deux pays d'accueil. Ils ont
réussi. Et avec quel programme et ambitions !
En ces moments de grisaille et de
froid, c'est ce qu'on peut appeler une «bonne nouvelle» pour la communauté
algérienne immigrée en Belgique et au Luxembourg : l'association, qu'ils ont
tant appelé de leurs vœux au printemps 2009, est définitivement opérationnelle
et a, fait rare dans la vie associative, précisé ses objectifs et annoncé son
programme d'actions (son plan de charge) pour l'année 2010. «ALGEBEL», c'est
son nom qui, phonétiquement, signifie en arabe «les Montagnes». Rappelons que
c'est au cours des meetings populaires organisés par les services diplomatiques
et consulaires au printemps 2009 pour sensibiliser les Algériens à l'importance
de la participation au vote pour l'élection présidentielle, que les Algériens
ont exprimé leur souhait d'une association fédérative à l'échelle de la
Belgique et du Luxembourg. Les représentants diplomatiques et consulaires ont
joué franc jeu en apportant leur aide logistique (salle de réunion et plate
forme de communication essentiellement). Le deal a été que les structures de
l'Etat ne doivent en aucun cas influer de près ou de loin, le choix des
citoyens de la forme de leur association, ses buts ou sa composante humaine. Le
syndrome du parti unique et de sa nature à vouloir tout contrôler, manipuler et
diriger est encore vivace dans les mémoires des immigrés à travers la défunte
Amicale des Algériens en Europe. Les premiers bénévoles qui ont pris les choses
en mains dès le lancement de l'idée de cette association ont promis de garder
la distance par rapport aux centres de décisions politiques algériens (partis ;
gouvernement ; lobbies d'affaires etc.) Ils se sont engagés à mettre sur pieds
une association qui tire sa légitimité des citoyens quelles que soient leurs
opinons, philosophie ou classe sociale. Une association qui sera l'interface et
le porte-voix des besoins des immigrés vis-à-vis des autorités des pays
d'accueil, la Belgique et le Luxembourg, autant que celles du pays d'origine,
l'Algérie. Pour ce faire, les membres du bureau d'Algebel (33 membres représentant,
au prorata du nombre de populations, les trois régions belges et le Luxembourg)
ont organisé, après Charleroi et Mons, ce dimanche 14 mars, un après-midi
festif dans la capitale belge, Bruxelles, au cours duquel ils ont annoncé leur
plan de charge pour 2010. Plus de 400 invités pour écouter le président de
l'association, Hamid Aït Abderrahim, annoncer, après le discours de bienvenue,
les rendez-vous de 2010 : 4 avril, voyage culturel à Paris et visite de
l'Institut du monde arabe ; 8 ? 9 mai participation à la foire internationale
de l'exotisme et du terroir de Namur ; en juin, organisation de manifestations
de soutien à l'équipe nationale de football engagée en coupe du monde ; 5
juillet, célébration du 1er anniversaire d'ALGEBEL à travers un événement
culturel ; Septembre, conférence internationale en Algérie ou en Belgique sur
«l'énergie et l'éducation comme vecteurs de développement durable entre les
deux rives de la méditerranée» avec comme exemple le cas belgo ? algérien ; 17
octobre organisation de manifestations célébrant la journée de l'immigration ;
en novembre, célébration de la fête de l'Aïd el Adha. En plus de ces actions de
rencontre et de convivialité citoyennes, le président Aït Abderrahim nous
précise au cours d'un entretien que l'association a déjà signé une convention
de partenariat avec le ministère algérien de la Solidarité, de la Famille et de
l'Immigration, pour porter les attentes des immigrés ainsi que les offres qui
peuvent intéresser le pays. Au niveau européen, Algebel aspire à porter la voix
des Algériens dans les officines et institutions européennes d'une part, et de
servir les ambitions et les besoins des immigrés face aux pouvoirs publics
belges et luxembourgeois. De l'avis de nombre de citoyens présents à la
manifestation de ce 14 mars, c'est la première fois qu'une association leur
donne tant d'espérances. Ils en tirent une certaine fierté. Particulièrement,
lorsque son président, un éminent expert en sécurité nucléaire par ailleurs,
rappelle que son mandat, comme celui des 32 autres membres du bureau, sera
remis au vote des citoyens en avril 2011. Soit, deux ans après l'acte de
naissance de l'association, comme le stipulent ses statuts. «Notre but est de
pérenniser l'association, lui donner des fondements démocratiques solides pour
qu'elle devienne la propriété de tous les Algériens de Belgique et du
Luxembourg et qu'elle leur assure une représentativité en Europe et une
implication citoyenne dans la vie des pays d'accueil. Enfin, qu'elle devienne
l'outil de promotion et de partenariat avec le pays d'origine, l'Algérie»,
explique le président. Devant tant de convictions et de volonté d'engagement,
il n'y-a qu'une réponse : bonne chance !