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REMISE DES PENDULES A L'HEURE

par Yazid Alilat

Le conclave, prévu à Alger mardi prochain, des chefs de la diplomatie des pays qui bordent la région sa hélienne, devenue zone à hauts risques, est de ceux qui sonnent comme une remise des pendules à l'heure.

 Les chefs de la diplomatie de sept pays riverains du Sahel (Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Mali, Tchad et Libye) doivent discuter principalement d'un seul sujet : la lutte contre le terrorisme qui a fait de cette partie de l'Afrique une région surmédiatisée par les faits d'armes tristement célèbres des éléments de l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). La réunion ministérielle devra élucider plusieurs questions, avec une priorité express pour certains pays de définir exactement leur stratégie et leur volonté à faire partie de la communauté internationale qui a déclaré irrémédiablement la guerre au terrorisme, au banditisme et aux réseaux maffieux qui prospèrent dans cette région.

 L'actualité de cette région, qui constitue pour les pays riverains, dont l'Algérie, un important périmètre à sécuriser, est en fait sous les feux de la rampe, après le geste malheureux des autorités maliennes qui, en libérant de dangereux terroristes, même sous la pression de la France, ont en fait donné un coup de pied à la cohésion régionale en matière de lutte antiterroriste. Car la libération par le Mali de quatre dangereux membres de l'AQMI, dont Alger avait en vain réclamé l'extradition en vertu d'accords bilatéraux, en contrepartie de la libération d'un otage français, est un acte délibérément hostile à tout ce qui a été fait jusque-là. Autant par le Mali que par les pays riverains en matière de lutte et de gestion des phénomènes du terrorisme et du grand banditisme.

 D'autant que le Mali, un pays important dans le schéma de la lutte contre les bandes terroristes qui écument le Sahel, est appelé plus que les autres pays à observer une attitude ferme contre la menace terroriste dans la région.

 Cette réunion intervient en fait dans ce contexte délétère, marqué par cette faiblesse des autorités maliennes autant devant l'ancienne puissance coloniale et ses insupportables ingérences sous le sceau humanitaire, que des menaces des groupes de l'AQMI. Car la lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne a également ses répercussions sur la sécurité des pays riverains, et payer des rançons aux terroristes qui ont fait des prises d'otages une activité lucrative s'avère à brève échéance suicidaire et contreproductif.

 Le réarmement des bandes terroristes grâce aux rançons versées par les Occidentaux contre la vie d'une ou plusieurs personnes est une autre menace qui guette des milliers de personnes des pays sahéliens et hypothèque leur sécurité.

 D'où ce violent rappel à l'ordre pour certains pays sahéliens à travers l'organisation même de la conférence ministérielle prévue à Alger. Car en Algérie, des grincements de dents ont été entendus jusqu'à Bamako après le cadeau fait à la France et à l'AQMI. Et ils se feront entendre au moins jusqu'à la fin de la réunion de mardi prochain.