Un accord d'association juste pour faire de la commercialisation et qui a
totalement exclu le secteur du bâtiment. C'est un marché pour eux», C'est en
ces termes que le président de l'Association générale des Entrepreneurs
algériens (AGEA), M. Kheloufi a critiqué l'accord signé avec l'Union
européenne, considérant qu'il a totalement négligé le volet de l'investissement
pour un créneau productif. Le premier responsable de l'AGEA a poussé la
critique plus loin en s'interrogeant même: «Comment l'Etat, lors de
l'élaboration de cet accord, a omis d'intégrer un secteur aussi important que
le BTPH qui représente la colonne vertébrale de l'économie?». Une omission qui
ne trouve pas son explication pour l'AGEA, du moment que cet accord ouvre droit
à des exonérations d'impôts pour les équipements dans le secteur de
l'agroalimentaire et pour les véhicules made in Europe uniquement. «Si le
secteur du BTPH a été intégré, il aurait eu exonération de tout le matériel
BTPH qui coûte très cher». Chose qui n'a pas été faite, explique le président
de l'AGEA et qui a, par conséquent, incité les entreprises du bâtiment à
s'organiser et à se procurer du matériel sans l'aide de l'Etat. La solution a
été de se constituer en groupes et faire l'achat d'équipements rénovés avec
crédit fournisseur allant jusqu'à six ans. Grâce à cette astuce, les
entreprises du bâtiment ont payé un matériel 60% moins cher par rapport aux
prix initial. Ces critiques sur l'accord de l'UE viennent au moment où le
directeur chargé de la Méditerranée du Sud et du Moyen-Orient, à la direction
générale des relations extérieures de l'Union européenne, a déclaré que
l'accord d'association pourra être révisé. Il «n'est pas figé», avait dit le
représentant de l'UE, «Il a toute la possibilité d'évoluer et de s'adapter à
des situations nouvelles». La revendication des entrepreneurs sera-t-elle prise
en charge dans le cadre de cette probable révision? La question reste posée et
la corporation des professionnels du bâtiment compte agir, en attendant, par
des actions concrètes qui peuvent booster l'entreprise vers l'avant. C'est dans
ce cadre que toutes les associations du BTPH ont opté pour l'élaboration d'un
programme de mise à niveau avec le ministère des PME/PMI et dont l'AGEA est
partie prenante. Un programme dont l'objectif est d'assurer une pérennité de
l'entreprise du bâtiment qui a été, jusque-là exclue du programme de mise à
niveau Meda I et Meda II. Pourquoi ouvrir, de nouveau, le débat sur
l'entreprise du BTPH dont le secteur a été très porteur avec les programmes de
constructions réalisés et en voie de réalisation? Pour l'AGEA, l'ouverture de
ce débat se veut une sonnette d'alarme tirée sur les problèmes que vit la
corporation. Malgré ces programmes ambitieux initiés par l'Etat, l'entreprise
du bâtiment se trouve à la traîne des évolutions que connaît le secteur. Preuve
en est, les indices de l'Office national des Statistiques qui montrent,
souligne le représentant de l'AGEA, que le classement par rapport à l'offre des
entreprises de bâtiment était de plus de 35% avant la loi de finances 2009. Ce
qui marque une évolution par rapport au secteur industriel. Après la loi de
finances complémentaire 2009, au mois de novembre, ce taux à chuté à moins 5%,
puis à moins 25% jusqu'à atteindre moins 44%, au mois de janvier. Une situation
qui s'explique, estime notre interlocuteur, par les créances des entreprises et
baisse de l'activité, flambée des prix des matériaux de construction, les
entraves bureaucratiques et enfin l'instauration, dernièrement, du crédit
documentaire. Sur tous ces problèmes et bien d'autres, l'AGEA organise,
aujourd'hui, un séminaire au Musée El Moudjahid d'Oran, en présence
d'opérateurs économiques de l'Ouest pour discuter du code des marchés et du
projet de loi sur la promotion immobilière. Sur la procédure d'attribution des
marchés par voie d'avis d'appel d'offres, l'AGEA propose, d'ores et déjà, que
l'offre financière soit présentée publiquement lors de l'annonce de
l'entreprise retenue. Un moyen de préserver la confidentialité de ces offres et
d'éviter toute fuite au préalable.