Le mouvement de grève d'une semaine reconductible, initié la semaine
dernière, par les deux syndicats autonomes de l'Education nationale, Cnapest et
Unpef, prend une ampleur insoupçonnée. La contestation qui est restée depuis le
début de l'année scolaire à l'intérieur des écoles est en train de déborder
dans la rue. L'explosion de colère des élèves de Terminales qui sont descendus
dans les rues de la capitale et des grandes villes du pays, pour crier leur
ras-le-bol est un signe avant-coureur à prendre au sérieux. Le bras de fer
entre le ministère et les deux syndicats autonomes ne devra pas déboucher
forcément sur un «happy end». La situation semble hors de contrôle. Hier la
grève s'est poursuivie dans les établissements scolaires sur fond de tension
après la décision de la tutelle de recourir aux ponctions sur salaires pour
dissuader les grévistes. «Une circulaire ministérielle a été adressée aux
directeurs des établissements scolaires pour procéder à des ponctions sur
salaires. Cette nouvelle tentative d'intimidation ne pourra jamais venir à bout
de notre détermination», lance ce syndicaliste de l'Unpef. La grève semblait
s'installer, hier, dans les établissements scolaires. Les syndicalistes
apparaissaient déterminés à poursuivre ce débrayage jusqu'à la concrétisation
de toutes leurs revendications. Ils demeurent intraitables sur
l'indissociabilité des dossiers étudiés en commission mixte (régime
indemnitaire, médecine du travail et œuvres sociales). Les syndicalistes
conditionnent le gel de leur action par la concrétisation des deux autres
revendications, à savoir celle des œuvres sociales ainsi que la médecine du
travail. Ils réclament l'ouverture, dès le mois de septembre prochain, de
services de médecine du travail et la conclusion d'accords avec les
établissements hospitaliers pour une prise en charge du personnel enseignant.
Pour ce qui est des Oeuvres sociales, ils veulent la mise sur pied d'un organe
indépendant de l'administration ministérielle et des syndicats pour les gérer.
Revenant sur la revalorisation du régime indemnitaire, les syndicalistes
grévistes ont exprimé leur insatisfaction totale tout en accusant la tutelle
d'avoir «gonflé» les dernières hausses de salaires. Cette position des deux
syndicats autonomes est relativement partagée par l'ensemble du personnel
enseignant. Le coordinateur régional ouest du Snapest, dont le syndicat a
pourtant gelé la grève au lendemain de l'annonce de la revalorisation du régime
indemnitaire, parle de «demi-satisfaction». Il affirme : «la tutelle devra
encore faire des efforts pour la revalorisation des salaires des enseignants,
puisque les dernières hausses ne concernaient que certaines primes». Le
mouvement de contestation lancé par les deux syndicats autonomes, Cnapest et
Unpef, pourrait ainsi fédérer, dans les prochains jours, tous les «déçus» des
dernières hausses des salaires. Cette progression de la contestation parmi les
enseignants inquiète profondément les parents d'élèves qui redoutent les
répercussions de ce bras de fer sur la scolarité de leurs enfants.