L'assassinat de Ali Tounsi a été largement repris par la presse internationale,
qui s'interrogeait sur les circonstances politiques dans lesquelles est intervenu
ce terrible événement. Autant dans la presse francophone qu'anglophone, la mort
subite de celui qui a réorganisé la police nationale et l'a modernisé, a été
largement commentée.
Le Wall Street Journal, la Bible
des milieux de la finance internationale, rapporte l'assassinat de M.Tounsi,
tout en mettant en exergue les circonstances dans lesquelles est intervenu son
assassinat, notamment avec le scandale qui éclabousse Sonatrach. La presse
française n'est pas en reste, et a réservé de larges espaces à la disparition
d'un homme qui a été le ?'héros de la lutte antiterroriste», et qui ?'s'est
employé à faire de la police la cheville ouvrière de la lutte contre le
terrorisme, notamment dans les zones urbaines». Sous sa houlette, précisent
plusieurs titres de la presse française, la police algérienne ?'a mis en place
un important dispositif de sécurisation de la capitale et de ses environs après
les attentats suicides perpétrés à l'aide de voitures piégées à Alger en avril
et décembre 2007 par la branche maghrébine d'Al Qaida». ?' La capitale, qui n'a
pas enregistré d'attentat islamiste depuis plus de deux ans, compte environ 3,5
millions d'habitants. Le chef de la police prévoyait de porter les effectifs de
ses forces à 200.000 à fin 2010 contre 140.000 fin 2007, et la police compte
quelque 9.000 femmes, soit 7,8 % des effectifs», relève la presse de
l'Hexagone. ?'Crise de démence ou règlement de comptes, les tensions se
multiplient au sommet du pouvoir», titre Le Figaro, journal des milieux
financiers et de la droite française. Le Figaro, qui reprend le communiqué
officiel du ministère de l'intérieur, relève que ?'durant sa longue carrière,
Ali Tounsi ne s'est pas fait que des amis. Personnage aussi puissant que
controversé, cet ancien officier de la Sécurité militaire s'est retrouvé
maintes fois au centre des jeux d'influence du pouvoir algérien. En septembre
2009, il confiait à des journalistes que ses services, éclaboussés par des
scandales de corruption et des bavures à répétition, étaient la cible d'une
conspiration». Et, ajoute le même quotidien, ?'paradoxalement, cet homme de
l'ombre avait manifesté une volonté de transparence peu commune, qui jurait
avec la traditionnelle langue de bois. Alors que le discours officiel
minimisait l'importance du terrorisme résiduel au nom de la réconciliation
nationale, il n'hésitait pas à jouer les trouble-fête en appelant à la
vigilance contre la bête immonde». «Depuis quelques mois, ses démêlés avec le
ministre de l'Intérieur», Yazid Zerhouni, son ancien camarade des services dans
les années 1970, s'étalaient dans la presse. Au-delà des susceptibilités de
préséance, les deux hommes étaient, dit-on, à couteaux tirés pour le contrôle
réel de la police. Un corps dont les effectifs sont passés de 120 000 éléments
en 2005 à 200 000 en 2009, avec un taux appréciable de féminisation, malgré les
pesanteurs de l'intégrisme et des traditions. Depuis que le Département du
renseignement et de la sécurité (DRS) s'est attaqué aux «hommes du président»
impliqués dans des affaires de corruption, notamment les dirigeants de
Sonatrach incarcérés ou placés sous contrôle judiciaire, les salons algérois
bruissent de rumeurs sur une fracture au sommet de l'État. Yazid Zerhouni joue
pour le camp du président Bouteflika, alors qu'Ali Tounsi est resté fidèle au
général Tewfik Médiène, patron du DRS», poursuit encore Le Figaro qui estime
que ?'l'assassinat du chef de la police, sur fond de crise latente dans le
sérail, pourrait annoncer d'autres secousses». Pour le Journal du Dimanche
(JDD), ?'le climat n'était pas au beau fixe entre (Ali Tounsi et son assassin).
Une querelle avait apparemment déjà opposé Ali Tounsi et son agresseur. Jeudi,
«l'homme n'était pas content, il a sorti son pistolet et a tiré», selon des
témoignages anonymes que reprend JDD. Des policiers présents sur les lieux de
la fusillade ont tenté de riposter. Sans succès. Un important dispositif de
sécurité a été mis en place autour du siège de la police.» Toute la presse
française, qui a réservé une large place à la mort de Ali Tounsi, revient
également sur les mobiles de son assassinat, en reprenant des informations
données par la presse algérienne. Pour Le Nouvel Observateur, ?'plusieurs
journaux ont indiqué jeudi qu'une enquête ordonnée récemment par Ali Tounsi sur
des contrats passés avec des fournisseurs de pièces de rechange d'hélicoptères
et de matériels informatique avait révélé l'implication de l'auteur de cet
assassinat dans «des transactions douteuses». «L'auteur des coups de feu n'a
pas accepté les conclusions de cette enquête et n'était pas prêt à se soumettre
à une quelconque sanction administrative ou à faire l'objet de poursuites
judiciaires. Il est passé à l'acte après avoir eu vent de son prochain
limogeage». Bref, l'assassinat du Directeur général de la Sûreté Nationale
constitue l'un des sujets les plus abordés jeudi et vendredi par la presse
internationale, arabe et française notamment qui s'interrogeaient sur les
grilles de lectures à donner à ce meurtre, au moment où des enquêtes sur des
soupçons de corruption sont menées par les services de sécurité.