Le mouvement de contestation entamé mercredi dernier par les deux
syndicats autonomes du Cnapest et de l'Unpef menace de s'étendre comme du feu
dans la paille dans le secteur de l'Education nationale.
L'appel à la grève a été certes diversement suivi en son deuxième jour
dans les établissements scolaires, mais cette énième grève a été la goutte de
trop pour les élèves de classes de terminale. Les marches des lycéens dans les
grandes villes du pays, pour dénoncer la surcharge des programmes et le
«bâclage» des cours et des devoirs, inquiètent le ministère de tutelle qui est
en train d'assister avec impuissance à une reproduction du scénario de janvier
2008. Pour le ministre de l'Education nationale, le cauchemar ne fait que
commencer. La montée de la grogne dans les établissements secondaires fait
rappeler, en effet, la grève illimitée des lycéens où des milliers d'élèves de
terminale avaient investi la rue pour exiger le retrait immédiat des programmes
de réformes scolaires. Les lycéens avaient eu gain de cause grâce à une
mobilisation impressionnante et bien organisée. Les élèves des classes
terminales reviennent aujourd'hui à la charge pour réclamer cette fois-ci la
suppression des cours du troisième trimestre dans les épreuves du baccalauréat
de cette année. Après la capitale, la grogne des lycéens a gagné jeudi Oran où
une centaine de lycéens sont descendus dans la rue pour crier leur ras-le-bol.
La marche des lycéens, qui était annoncée depuis plusieurs jours, a eu
finalement lieu jeudi matin lorsqu'une centaine de lycéens de plusieurs
établissements secondaires de la ville ont décidé de marcher vers l'académie. Une
masse compacte d'élèves de terminale ont arpenté le boulevard colonel Ben
Abderrezak (2ème boulevard périphérique). Les lycéens ont observé une brève
halte devant le siège régionale de la télévision nationale avant de se diriger
vers le siège de l'académie pour manifester leur colère. «On ne veut plus jouer
les cobayes», lance cette jeune lycéenne. «Nous sommes contre le bâclage des
cours», martèle une autre. Les contestataires ont tenu un rassemblement devant
le siège de l'académie. Une délégation de jeunes lycéens a été reçue par les
responsables de la direction l'Education qui ont assuré aux jeunes élèves que
toutes les dispositions ont été prises par la tutelle pour prendre en charge
leurs doléances. Une commission ad-hoc, composée des responsables de
l'académie, des représentants des parents d'élèves et des représentants des
services de sécurité, a été d'ailleurs mise sur pied à l'académie. Elle est
chargée de la réception de représentants des lycéens. La marche des élèves de
terminale à Oran a eu lieu après la circulation dans les lycées de la ville de
tracts appelant les élèves de terminale à investir la rue pour dénoncer le
«bourrage» des leçons et la surcharge des programmes. Les tracts étaient
«émargés» par le coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane, et
comportaient un cachet de ce syndicat autonome qui a pourtant gelé son
mouvement de grève en signe d'apaisement après l'annonce, le 20 février
dernier, des nouvelles hausses des salaires du personnel enseignant. Pour le
coordinateur régional Ouest du Snapest, la signature et le cachet ont été
scannés avant d'être utilisés frauduleusement sur ces prospectus. «Nous n'avons
aucune relation avec ces tracts. Nous dénonçons énergiquement l'utilisation
frauduleuse du cachet de notre syndicat et la signature du coordinateur
national. Nous avons déposé une plainte jeudi contre X à la 8ème sûreté urbaine
et une audience est programmée ce dimanche avec les services de la police pour
prendre notre version des faits», confie M.Aous, coordinateur régional Ouest du
Snapest. Le syndicaliste a dénoncé l'usurpation du cachet de son syndicat pour
manipuler les jeunes lycéens. Pour revenir au mouvement de grève lancé par les
deux syndicats autonomes du Cnapest et de l'Unpef, il devra se poursuivre
jusqu'à mardi prochain dans les établissements scolaires. Durant les deux
premières journées du débrayage, le mouvement semblait s'installer dans les
écoles. Il n'est pas exclu que d'autres syndicats rejoignent cette action de
contestation vu que la quasi majorité des travailleurs du secteur ont été déçus
par les dernières hausses des salaires. Les syndicats autonomes avaient accusé,
rappelle-t-on, la tutelle de «tromperie».