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Située en pleine montagne, à 16 km de la
daïra de L'Arba dont elle dépend, la petite commune de Sohane ne cesse de
multiplier les gestes et les appels pour un retour de ses citoyens qui l'ont
abandonnée depuis plusieurs années pour cause de terrorisme. Malgré le retour
du calme et de la paix, malgré les multiples réalisations et les promesses
d'une vie meilleure, les citoyens ne veulent plus retourner et préfèrent la
ville, bien que les conditions d'une vie décente soient loin d'être faciles.
Elles sont juste quelques familles à avoir été convaincues et qui sont
retournées vivre à Sohane, alors que les deux autres bourgades, Sakamody et
Techt demeurent toujours vides d'occupants. Pourtant, avant les années de
braise, cette commune comptait près de 4000 habitants, tous propriétaires terriens
qui alimentaient L'Arba en fruits et légumes frais et sains. En effet, Sohane
était réputée pour ses petits pois, son ail, son oignon, ses fèves ainsi que
pour beaucoup de fruits, comme les pommes, les poires, et grenades, pour ne
citer que ces produits. Actuellement, toutes les terres sont abandonnées et les
ronces ont remplacé ces succulents produits agricoles. Donc, et pour essayer de
redonner vie à ces contrées paradisiaques, plusieurs infrastructures ont été
réalisées alors que d'autres sont en cours.
D'ailleurs quand la paix était revenue c'est une ville fantôme qu'ont découvert les premiers qui se sont hasardés à y aller. Tout était détruit, il n'y avait plus rien, sauf peut-être quelques charognards qui rendaient les lieux plus lugubres. Puis, petit à petit, la vie a repris son droit, le siège de l'APC a été reconstruit, un bureau de poste a vu le jour avec toute la technologie moderne, des maisons ont été reconstruites et le café a ouvert ses portes. Outre cela, nous trouvons une auberge de jeunes avec un club Internet, l'ADSL est arrivée, il y a aussi un centre de santé avec un médecin sur place, un infirmier et une ambulance. Une douzaine de locaux commerciaux ont été construits et ont d'ailleurs été visités dernièrement par le wali de Blida, M. Hocine Ouadah, qui s'est dit satisfait par la qualité du travail et qui a incité les jeunes désoeuvrés à déposer des dossiers pour en bénéficier et y pratiquer le commerce de leur choix. Un peu plus loin et sur le bord de la RN 8, dix locaux professionnels sont en cours de construction et seront réceptionnés dans quelques mois malgré le retard pris à cause de contraintes rencontrées sur le terrain. En contrebas de la route, le chantier de construction de 40 logements sociaux avance très lentement et l'entrepreneur chargé de la réalisation a invoqué plusieurs raisons comme des remontées d'eau qu'il a fallu drainer et le manque de main-d'œuvre locale. Comme plusieurs jeunes avaient affirmé au wali qu'ils attendaient les aides de l'Etat qui ne leur étaient pas encore parvenues, il leur a rappelé que des postes de travail les attendaient au niveau du chantier et il a chargé le P/APC de dresser une liste des chômeurs afin que l'entreprise puisse les embaucher, chacun selon sa spécialité. Même l'opération d'amélioration urbaine a été entamée et sera bientôt achevée, ce qui fera oublier un tant soit peu la boue et les flaques d'eau aux habitants et aux élèves qui se rendent dans l'école refaite à neuf mais qui n'accueille jusqu'à maintenant que 27 élèves pour les 5 niveaux, avec 2 enseignants dont un directeur. Profitant de la visite du wali dans cette commune, une vieille femme s'est présentée devant lui et lui a demandé de l'aider pour hospitaliser son fils malade mental qui errait dans les rues de Meftah: «Je ne vous demande rien, sauf aider mon fils qui a subi un choc et qui est malade mental actuellement. Il erre dans les rues de Meftah, mange n'importe quoi même de la pourriture et je ne voudrais pas le perdre, aidez-moi, Dieu vous le rendra». Ses yeux suppliants étaient en larmes et une forte émotion a saisi tous ceux qui l'ont entendue. Elle expliqua que son fils était sain d'esprit, qu'il avait passé son service national et qu'il avait l'intention d'intégrer les forces de l'ANP mais que cela lui a été refusé pour des raisons qu'elle ignore. D'après elle, c'est ce refus qui lui a fait subir un choc mental et qu'il a vu son état empirer de jour en jour, jusqu'à ce qu'il devienne une loque humaine, crasseux et se nourrissant comme les animaux. Aussitôt ordre a été donné aux services concernés pour une prise en charge totale de ce malheureux ce qui a rendu l'espoir à la vieille mère éprouvée par ce coup de sort. |
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