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Psychologie et éducation ne font pas encore bon ménage. Un fossé sépare
les deux, malgré le besoin accru, ces dernières années, d'une intervention
psychologique en milieu scolaire pour venir en aide aux élèves en difficulté.
Les deux crimes commis par deux collégiens à Oran en 2008 ont, certes, créé un
mouvement de panique chez les parents d'élèves, les enseignants et
l'administration, mais n'ont pas pour autant mis sur rail un système de prise
en charge psychologique des enfants scolarisés. Le diagnostic fait par des
psychologues une année après ces deux incidents graves qui se sont produits par
des élèves âgés de moins de 17 ans, l'intervention psychologique en milieu
scolaire est encore au point mort. Avec un psychologue pour 6.000 élèves, ces
spécialistes se voient dans l'incapacité d'accomplir convenablement leur
mission lorsqu'ils sont recrutés comme conseillers d'orientation scolaire. Ce
déficit en matière d'intervention psychologique vient au moment où de plus en
plus d'élèves manifestent le besoin d'être écoutés par une tierce personne et
exprimer en toute liberté leur relation avec les enseignants. Le débat sur le
sujet a été animé, mercredi, lors d'une rencontre sur «l'intervention
psychologique en milieu scolaire», organisée au Centre National de Recherche en
Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC). Premier point révélateur de la
négligence psychologique dans les écoles est la violence qui continue à faire
des victimes du côté des enseignants et aussi du côté des élèves. Les incidents
les plus récents se sont produits il y a un mois dans deux établissements
scolaires. Une institutrice a frappé contre le mur un enfant de cinq ans
inscrit dans le préscolaire parce qu'il a parlé avec son camarade. Cet acte
violent a causé un œdème chez le garçon et a nécessité une admission aux
urgences. Le second incident a eu lieu dans un lycée. Un élève a tabassé son
enseignant parce que ce dernier lui a donné une gifle et l'a humilié devant ses
camarades.
Comment rétablir la relation enseignant- élèves ? Madame Mimouni, professeur en psychologie à l'université d'Oran et chercheur au CRASC, souligne que pour faire un travail dans ce sens, «nous essayons d'abord de comprendre la famille et dans quel environnement a évolué l'élève. Comment les parents traitent-ils leurs enfants et comment ils les contrôlent-ils vis-à-vis de la télévision, de l'Internet et aussi du téléphone portable» ? Premier constat d'une enquête ménage réalisée à Oran et qui a concerné 180 ménages, les parents sont très exigeants vis à vis de leurs enfants en matière de scolarité et tout particulièrement les mères. En matière d'enseignement, l'enquête a révélé que la difficulté ne réside pas dans la surcharge des programmes mais dans le manque de formation pour ce personnel de l'éducation avant l'application de ces programmes. «Les enseignants ne sont pas véritablement formés dans ce sens. La réforme du système éducatif devrait passer d'abord par des écoles pilotes avant d'être généralisée, tout en assurant une formation approfondie et rigoureuse au staff enseignant avec un suivi et une mise à niveau tous les six mois», commente le professeur. Pour les enfants en difficulté, le psychologue recommande de consulter un spécialiste à temps et de mener une action avec les parents, l'enfant et l'enseignant. Une action triangulaire qui peut donner des résultats positifs pour une intégration facile d'un élève en difficulté. Si du point de vue théorique, cette démarche semble correcte, sur le terrain l'intervention des psychologues n'est pas de tout repos. Sur ce point, un conseiller d'orientation scolaire raconte les difficultés rencontrées pour accomplir la mission confiée à ce personnel considéré comme «un intrus» dans le secteur. L'handicap majeur auquel sont confrontés ces conseillers, recrutés dans le cadre du pré-emploi, est le manque de collaboration de certains enseignants. «Nous avons plus de difficultés de nous faire acceptés par l'administration et les enseignants que par les élèves», nous révèle notre interlocuteur. Ce handicap contrarie toute intervention auprès des élèves en difficulté. Sur la relation enseignant-élève, le conseiller explique que cette relation est déséquilibrée du fait qu'elle est basée sur l'autorité seulement. «On n'écoute pas l'élève, on n'accepte pas son comportement et lorsque ce dernier commet un acte disciplinaire, il est directement traduit en conseil de discipline, sans qu'on lui donne la parole. Ce manque de communication réciproque explique le passage à l'acte de l'élève qui actuellement se présente à l'école avec couteau, chaine et barre. Ils profèrent même des menaces contre leurs enseignants», souligne le même interlocuteur. L'autre problème aussi préoccupant pour ce psychologue est le comportement des enfants vis- à-vis des moyens technologiques modernes. Il attire l'attention sur le fait que 40% des élèves disposent actuellement d'une TV individuelle placée dans leur chambre. Ce moyen de distraction est désormais un inconvénient pour l'enfant, parce qu'il tue chez lui la volonté de recherche. L'Internet peut aussi être dangereux pour l'élève si les parents ne surveillent pas le temps passé devant la toile et ne contrôlent pas les sites visités. L'Internet, explique ce spécialiste, peut empêcher l'élève de faire ses devoirs et réviser ses leçons s'il est tout le temps connecté pour la «tchater» et pris par les rendez-vous sur la toile. |
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