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L'assassinat à Dubaï, le 20 janvier dernier, de
Mahmoud Al-Mabhouh, cadre du Hamas, n'est rien que très banal dans le catalogue
des atrocités israéliennes. Mahmoud Al-Mabhouh a été retrouvé mort par asphyxie
dans sa chambre d'hôtel. Ce n'est pas la première fois qu'un dirigeant
palestinien est assassiné par le Mossad : la liste est longue en effet des
crimes «ciblés» perpétrés par Israël.
Une écrasante supériorité matérielle, la maîtrise technologique, l'impéritie des régimes arabes et l'impunité totale - voire le soutien actif des services occidentaux ? ont permis à une bande de criminels de passer pour un service d'élite et de fabriquer une réputation que les initiés savent largement usurpée. Le Mossad, confronté à des services moyen-orientaux tout juste bons à terrifier leurs populations, à l'instar de l'Egypte ou de la Syrie, a toujours joué sur du velours. Mais les temps changent, la surveillance électronique se démocratisant a fini par atteindre même les opulents émirats du Golfe. Les systèmes de vidéosurveillance, de contrôle des réseaux de téléphonie et d'internet ainsi que la reconnaissance électronique des passeports ont permis, avec une facilité et une efficacité remarquables, de reconstruire précisément le mode opératoire de l'attentat, de mettre un visage sur chacun des auteurs d'un crime. La police de Dubaï, dans un souci louable de transparence, a fourni une bonne partie des éléments en sa possession, notamment les enregistrements des caméras de surveillance à l'intérieur et à l'extérieur de l'hôtel. La transparence n'est pas la seule motivation des princes locaux. Les informations ont été communiquées sans doute pour décourager la réédition de telles «opérations» qui portent préjudice à la réputation d'un centre commercial qui sort avec peine d'une crise financière très brutale. Les «James Bond» du Mossad se sont mis à onze pour éliminer un militant du Hamas isolé et sans protection. Mais, fort justement, pour les autorités émiraties, il s'agit d'un crime crapuleux commis par des individus, dix hommes et une femme, détenteurs de passeports européens. La police de l'Emirat, qui n'exclut pas bien entendu la responsabilité d'un service secret, s'en tient aux nationalités des passeports exhibés par les suspects à l'hôtel et à l'aéroport. En conséquence, la justice de Dubaï a émis des mandats d'arrêt internationaux et sollicité la coopération d'Interpol. Malgré les dénégations des capitales européennes concernées, il semble bien que ce soit de vrais-faux passeports qui ont été utilisés par les assassins. En effet, des Israéliens portant les mêmes noms et «bénéficiant» des nationalités incriminées se sont reconnus en exprimant leur «désarroi». L'affaire n'a, bien sûr, pas encore révélé tous ses secrets ; la police de Dubaï a appréhendé deux Palestiniens ayant eu des contacts avec des membres du groupe d'assassins. Mais ce qui est étonnant à ce stade, c'est le silence des capitales européennes concernées. Aucune ne s'est exprimée clairement sur l'utilisation de documents officiels falsifiés ou non pour une opération terroriste commanditée par un «Etat» clairement identifié. Ajoutera-t-on les ressortissants de cet «Etat» sur les listes noires des terroristes potentiels ? Cela devrait être «normalement» le cas, mais rien ne sera fait, hormis quelques pâles dénégations. Pour les Arabes, «black-listés» en masse, cela suffit pour conforter une suspicion légitime d'une complicité active des Occidentaux dans l'assassinat. |
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