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Liberté du culte: L'Algérie réaffirme sa souveraineté

par Moncef Wafi

Simple hasard du calendrier ou se voulant une réponse aux derniers événements qu'a connus le clergé en Algérie, la dernière sortie de Bouabdallah Ghlamallah, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, sonne comme un rappel à l'ordre : l'Algérie respecte la liberté de culte et n'impose aucune restriction à sa pratique, mais cette dernière doit obéir aux lois de l'Etat. En toile de fond, la fameuse Loi de 2006 qui réglemente l'exercice du culte pour les non musulmans en Algérie et l'actualisation de l'appel à sa révision que le ministre qualifie d'«exagération». Il précise que le fait de soumettre l'exercice du culte à une loi «n'est pas propre à l'Algérie uniquement, mais existe dans tous les pays». Cette Loi de 2006 a trouvé des pourfendeurs qui ont voulu l'internationaliser à travers la démarche d'une délégation de l'église anglicane qui s'était rendue à Washington, en avril 2008, pour se plaindre auprès du Congrès américain des restrictions imposées aux chrétiens en Algérie et demander l'abrogation de cette loi. Cette délégation, selon le communiqué de l'Association des uléma algériens comprenant des protestants anglicans algériens, français et suisses, avait rencontré des sénateurs républicains au Capitole, le siège du Congrès. Il y a eu également l'épisode du procès de Habiba à Tiaret accusée de «prêche d'un culte non musulman sans autorisation préalable des autorités» qui a vu l'incursion peu diplomatique de Rama Yade, qui avait qualifié de «triste» et de «choquant» le procès. Cette loi a trouvé ses défenseurs jeudi dernier lors du colloque international intitulé «L'exercice du culte, un droit garanti par la religion et la loi». Pour le Dr Boumediene, enseignant de philosophie à l'université d'Oran, la loi de 2006 est bonne en comparaison avec ce qui se fait en matière de réglementation de l'exercice du culte dans d'autres pays arabes, dans la mesure où elle exige la transparence dans la pratique du culte. Pour exemple, il citera le cas de la Suisse qui avait dernièrement interdit la construction de minaret sur son territoire.

 Concernant le phénomène d«'évangélisation», il a fustigé une certaine presse qui ne cesse de se focaliser sur la Kabylie, alors que ce phénomène touche d'autres régions et localités du pays en dénonçant, au passage «le prosélytisme qui profite de la détresse de certains citoyens».

 Par ailleurs, le ministre de tutelle a remis dans son contexte la tenue de ce colloque en indiquant qu'il est «une réponse à ceux qui revendiquent un bilan de la loi de 2006, dans la mesure où il entre dans le cadre d'une évaluation de cette loi après près de 4 années de sa mise en œuvre». Tout en se montrant ferme sur la souveraineté nationale, il a condamné la destruction des salles de culte tout en indiquant que la responsabilité incombe aux citoyens qui les érigent sans autorisation.

 Pour rappel, en Algérie, l'exercice d'un culte autre que l'Islam est soumis à une double autorisation des autorités. La première, liée à la sécurité du lieu d'exercice, est délivrée par les services du ministère de l'Intérieur, la deuxième est en rapport avec le prédicateur qui doit être agréé par le ministère des Affaires religieuses.