Fini la récréation ! Le ministre du Commerce, M. El Hachemi Djaaboub, a
ainsi sonné la fin de la récréation en matière d'importation et de
commercialisation des jouets. Dorénavant, toute importation de matières
ludiques, de jouets sera strictement réglementée à travers l'obtention d'une
licence d'importation. Jeudi, le ministre a confirmé le tour de vis du
gouvernement qui entend intervenir directement sur ce segment d'un marché des
jouets très juteux pour les importateurs, mais également pour les revendeurs au
gros. «L'importation des jouets sera désormais soumise à une licence
d'importation qui sera délivrée par une commission spécialisée», a souligné M.
El Hachemi Djaaboub au cours d'une visite d'inspection au Centre algérien du
contrôle de la qualité et de l'emballage (CACQE). Selon le ministre, une
commission technique, composée de représentants de 12 ministères concernés par
la santé et la sécurité du consommateur, «sera chargée de délivrer (aux
importateurs) la licence d'importation après vérification du respect des normes
relatives à la sécurité des produits».
En outre, les pouvoirs publics
procéderont également, dans le cadre de la production nationale, à l'élaboration
des normes de sécurité qui doivent obéir notamment aux standards mis en place
par l'Union européenne. On se rappelle que Bruxelles avait, il y a quelques
années, interdit l'entrée dans son espace économique, sinon l'importation de
tous jouets en provenance de Chine. Des accidents graves, notamment des
incendies et des affections cutanées provoqués par des jouets importés de
Chine, avaient motivé la décision de l'UE de bannir l'entrée dans l'espace
européen de tout jouet fabriqué en Chine ou dont la fabrication ne répond pas
aux normes de sécurité mises en place par la commission européennes. Le marché
du jouet est un gros segment financier, à très forte valeur ajoutée en Europe,
aux Etats-Unis et également dans les pays du Maghreb. En Algérie, le marché du
jouet pèse plusieurs centaines de millions de dinars, en particulier pour la
production nationale, alors que le chiffre d'affaires des importateurs de
jouets des pays asiatiques est important. Le Holà mis par le ministère du
Commerce à l'importation non réglementée des jouets, pour leur majorité
importés de Chine et donc présentant des risques pour la santé des
consommateurs, vient un peu tardivement mettre de l'ordre dans un secteur où
régnait jusque là une grande anarchie. L'importation sous condition des jouets,
c'est-à-dire avec une autorisation préalable, intervient presque une année
après la promulgation d'un arrêté interministériel fixant la liste des produits
de consommation, dont les jouets, présentant un caractère de toxicité ou un risque
particulier, ainsi que les listes de substances chimiques dont l'utilisation
est interdite ou réglementée pour la fabrication desdits produits. Pour rappel,
M.Saïd Barkat, ministre de la Santé, et son homologue du Commerce, El-Hachemi
Djaâboub, avaient signé conjointement cet arrêté le 31 décembre 2008. Cet
arrêté concerne notamment «des produits destinés à l'éducation et à la
récréation des enfants, à l'image des peintures pour enfants ou les pâtes à
modeler, les jouets, les instruments graphiques, les matériaux colorés, les
textiles teints, etc., et les articles de puériculture (sucettes, landaus,
voitures transformables, chaises pour enfants, biberons, etc?) sont aussi
considérés comme produits présentant un caractère de toxicité. Le ministre du
Commerce a en outre souligné qu'une série de mesures nouvelles sera mise en
œuvre «pour contrôler les jouets importés pour mieux protéger la sécurité des
enfants» en faisant obligation à l'importateur de déposer au niveau de ce
centre un échantillon du produit à importer avant l'acte d'importation.
L'intervention de l'Etat dans le marché du jouet en Algérie a tous les contours
d'un formidable coup de poing sur la table d'un secteur qui brasse des
milliards de dinars et dont les recettes font rêver. C'est moins que le marché
français qui brasse annuellement près de trois milliards d'euros, mais
suffisant pour attirer beaucoup de convoitises. Réglementer l'importation des
jouets est ainsi devenue une nécessité avec l'ouverture du commerce algérien
aux marchés asiatiques.