Plusieurs syndicats autonomes ont annoncé une grève dans l'Education, le
16 février pour le Snapest, le 22 du mois pour le SNTE, soutenue par le Cla, le
Satef et l'unpef bis et enfin le Cnapest et l'Unpef, qui ont décidé d'accorder
leurs violons pour engager un mouvement de protestation avant le 25 du même
mois. Ce qui frappe d'emblée, c'est que ces syndicats bien qu'activant dans le
même secteur et revendiquant la même plateforme à quelque différence près,
marchent en rangs dispersés. Ce qui déroute les enseignants et met en péril un
élan engagé depuis le mois de novembre mais il faut le dire qui s'est essoufflé
depuis et risque de mener droit vers la démobilisation. Ce manque de
coordination sur le terrain a été au centre d'un document rédigé par le Cnapest
le 6 janvier dernier mais qui n'a eu, selon ses rédacteurs, «aucun écho
favorable». Il s'agit de la déclaration pour la création d'une Confédération
générale des Travailleurs (CGT). Selon Messaoud Boudiba, le chargé de la
communication du Cnapest, «nous pensons qu'il est temps de nous fédérer en tant
que travailleurs algériens, tous secteurs confondus, privé et public. Nous
avons soutenu les travailleurs de la Santé qui sont en grève, ceux de la zone
industrielle de Rouiba notamment les travailleurs de Sonacome et ceux
travaillant au Sud pour des entreprises étrangères dans de pénibles
conditions». En ajoutant «en fait, c'est l'exercice du droit syndical et la
protection des travailleurs ainsi que l'amélioration de leurs conditions de
travail et de leur pouvoir d'achat que nous revendiquons». S'agissant de la réponse
à cet appel à la création de cette mégastructure syndicale, notre interlocuteur
déplore le fait qu' «il y a très peu d'engouement de la part des syndicats et
que jusqu'à l'heure actuelle, aucune réponse ne nous a été transmise». Il faut
rappeler que la création d'une telle structure, pour contrer l'UGTA, a été déjà
proposée il y a quelques années et qu'un dossier remis au ministère du Travail,
de l'emploi et de la protection sociale, est en attente d'un agrément. Une
telle éventualité risque de donner le coup de grâce à l'organisation de Sidi
Said, seul syndicat à négocier officiellement avec l'exécutif. La dernière
tripartite du mois de décembre dernier est significative de la place qu'occupe
l'Ugta au sein du paysage socio-économique. D'ailleurs, c'est la seule entité
qui discute des conventions de branches et du régime indemnitaire de la
fonction publique au sein de commissions en haut du sommet alors que
parallèlement, et s'agissant du secteur de l'Education, des commissions
similaires ont été installées pour le même objectif. Cette dichotomie dans les
faits et le discours plonge les travailleurs dans un malaise profond car ils ne
savent plus qui croire et s'impatientent devant le report constant de leurs
revendications. Le recours à la grève avec toutes les conséquences que cela
peut avoir sur les élèves et leurs rendements scolaires est devenu une ultime
option disent les syndicats. Pour Boudiba, «sur un ensemble de près de 1.400
lycées, le Cnapest revendique une représentation au niveau de 1.000 établissements.
Notre base est incrédule face aux promesses du ministre de l'Education. Nous
travaillons de concert avec l'Unpef et nous avons constaté le manque de sérieux
notamment de la part des membres de la commission ad hoc qui planche sur le
régime indemnitaire. Nous avons convenu que les délais du dépôt des rapports ne
pouvaient excéder le début du mois de janvier mais nous n'avons rien vu venir
et après les déclarations du ministre qui conseille de ne pas se précipiter.
Cela veut tout simplement dire qu'on devrait attendre encore longtemps avant de
voir nos revendications prises en charge». Même son de cloche chez l'Unpef qui
organise aujourd'hui et demain son conseil national pour trancher la date de la
grève. Ce syndicat est aussi acculé par sa base. Sadali, le SG du Satef, et
Idir Achour du Cla de leur côté disent qu'ils n'ont «jamais cru aux
commissions, ces dernières font des rapports et les rangent dans les tiroirs».
Pour rappel, le secteur de l'Education compte quelque 500 000 travailleurs
relevant bien entendu de la fonction publique. Leurs principales revendications
tournent autour de la revalorisation des primes et indemnités comme celles
relatives à l'expérience pédagogique (IEPP), de qualification (IQ), de
compensation de revenu (ICR) et l'indemnité pédagogique de documentation (IPD)
qu'ils réclament à raison de 13 000 à 15 000 Da.
Outre ses primes, il y a
également la prime de rendement qui doit, selon plusieurs syndicats,
représenter 50% du salaire brut avec la révision à la hausse du nombre de
points indiciaires et leurs valeurs ainsi que la prime de zone et une prime
conséquente qui compensera le pouvoir d'achat (représentant 25 à 30 % du
salaire brut), sans oublier une prime de risque professionnel une prime de
logement, une autre de transport et enfin une prime de panier.