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Plan quinquennal 2010-2014: Les entrepreneurs veulent leur part des projets

par Mokhtaria Bensaâd

Des garanties décennales et une maintenance pour tous les grands projets réalisés, cette option, qui est une évidence dans les pays d'outre-mer, fait défaut dans notre pays. Avec les grands ouvrages concrétisés dans le secteur des travaux publics et de l'hydraulique, aucune assurance n'existe en cas d'anomalie ou d'incident qui surgit sur une période de dix ans. Sur cette problématique qui risque de se poser avec acuité à long terme, le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens a tiré, jeudi, lors d'une rencontre régionale des fédérations de l'Ouest, organisée par l'Union à Oran, la sonnette d'alarme afin de donner longue vie avec maintenance à tous les projets réalisés et notamment ceux construits par des entreprises étrangères.

 En citant comme exemple le méga projet de l'autoroute Est-Ouest et les barrages qui sont actuellement en chantier, M. Dennouni, président de l'UGEA, n'est pas allé avec le dos de la cuillère en soulignant que «si un problème apparaît dans le projet de l'autoroute Est-Ouest d'ici quelques années, l'entreprise réalisatrice peut s'évaporer dans l'air et ne sera, par conséquent, comptabilisée de rien». Une situation considérée d'anormale pour le premier responsable de l'Union et qui devrait interpeller les pouvoirs publics et définir le rôle des compagnies d'assurance en prévision de tous les risques pour des projets qui coûtent des milliards. C'est effectivement à propos du montant colossal de 150 milliards de dollars que l'Etat a prévu dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 que l'UGEA a tenu cette rencontre extraordinaire qui se veut une occasion de faire le point sur toutes les contraintes et lacunes qui continuent à mettre les bâtons dans les roues des professionnels du bâtiment. Le problème essentiel qui continue à faire obstacle aux entrepreneurs du secteur demeure ce qu'ils qualifient de concurrence déloyale des entreprises étrangères. Pour faire une évaluation de la situation, le président de l'Union fait un bilan négatif de cette présence étrangère en Algérie et dénonce le favoritisme dont bénéficient ces dernières au détriment des entreprises nationales. Voulant enfoncer le clou davantage, M. Dennouni s'interroge sur ce que font ces étrangers dans le secteur. S'ils ont droit à tous les avantages pour leur performance, le président de l'Union rejette cet argument en avançant que 60% des projets réalisés par les entreprises étrangères sont sous-traités par des entreprises algériennes. Sur la formation de la main-d'œuvre locale, il estime que rien n'a été fait. Le savoir-faire n'a pas été transmis. Mille ingénieurs seulement ont été formés pour des projets qui ont coûté des milliards. Devant ce dilemme que vivent les entrepreneurs, l'UGEA appelle les pouvoirs publics à faire preuve de patriotisme économique et donner la chance aux entreprises locales de prouver leur savoir-faire. «Si dans le passé, l'entreprise algérienne était sous-équipée et n'avait pas la performance des entreprises étrangères, aujourd'hui les choses ont changé et nos entreprises ont pu acquérir la qualification voulue pour être impliquées dans les grands projets. Nous voulons être considérés sur le même pied d'égalité que les étrangers sur le plan d'attribution de projets, prix du m², livraison de ciment et règlement de factures. Nous sommes lésés sur ces points et nous ne voulons plus de cette politique de deux poids, deux mesures». Sur la mise à niveau des entreprises, le président de l'Union révèle que le secteur a été exclu du programme de MEDA I et MEDA II pour une raison que «nous ignorons», dira-t-il. La seule explication plausible sur cette situation est que «c'est voulu afin de permettre aux entreprises étrangères de s'accaparer du marché». Concernant le programme quinquennal et les répercussions de la crise financière mondiale, M. Dennouni souligne que le secteur n'a pas été épargné de l'incidence de cette crise. La preuve, beaucoup de projets sont bloqués. D'autres ne sont pas encore connus. L'Etat est en train de refaire ses calculs sur la base de cette nouvelle donne. Quant aux banques, elles appliquent les règles prudentielles avec beaucoup de rigueur. Elles ont également établi un fichier à risque pour les crédits accordés.

 Sur le projet de loi sur la promotion immobilière, l'UGEA le qualifie de code pénal et demande à être associée dans l'élaboration de ce texte de loi et éviter de mettre tout le monde dans le même sac. Quant à la crise du ciment, elle-ci laisse encore des traces sur le marché même si avec le million de tonnes d'importation prévu, les professionnels du bâtiment espèrent souffler un peu de la pénurie de ce matériau de construction qui secoue, depuis deux ans, le secteur.