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Mercredi
dernier, le ministre de l'Education Boubekeur Benbouzid, très certainement
informé des tractations en cours dans le milieu syndical de son secteur en vue
d'une relance de la «protesta», avait déclaré à partir de Batna que
«l'augmentation prévue des salaires des employés du secteur sera à la hauteur
des attentes, d'autant que ce qui touche aux primes aura un effet rétroactif»,
et a appelé par conséquent les enseignants, les gestionnaires et les syndicats
«à ne pas se précipiter soulignant que son département est le premier secteur à
avoir achevé l'élaboration du régime indemnitaire». Son appel n'a pas été
entendu puisque la plupart des syndicats s'apprêtent à organiser des mouvements
de grève. Ce qui est la preuve qu'ils n'ont plus confiance dans les promesses
du premier responsable de leur secteur.
Il avait semblé pourtant que Benbouzid était parvenu à dissiper la méfiance qu'il inspirait à ces syndicats en négociant avec eux les conditions de l'arrêt de la grève qui a paralysé l'éducation nationale pendant près d'un mois. Tout indique que les syndicats qui ont décidé de relancer la protestation ont été déçus par la tournure des événements après l'arrêt négocié de leur grève. Ils ont en effet espéré être pleinement associés à la négociation pour le règlement des problèmes objet de leur revendication. Au lieu de cela, l'administration de l'éducation nationale fait cavalier seul donnant l'impression de ne pas considérer les syndicats autonomes comme des partenaires sociaux à part entière. A moins d'une initiative que prendrait Benbouzid consistant à rencontrer ces syndicats pour engager avec eux un dialogue constructif, l'éducation nationale va entrer dans une zone de grande turbulence à compter de la semaine prochaine. Les syndicats autonomes qui ont le sentiment pas si faux d'avoir été floués semblent déterminés à durcir leur action. Il est question en effet pour certains d'entre eux que celle-ci ne se limitera pas à une grève reconductible. Ils envisagent tout autant de recourir «au boycott des devoirs de composition du deuxième trimestre, le gel des activités des professeurs responsables des matières et classes jusqu'au règlement du dossier financier». Si l'on arrive à cette situation, il en résultera presque inévitablement l'immense gâchis d'une année scolaire blanche. Les autorités pourront alors après cela accuser ces syndicats d'être manipulés comme l'a déjà déclaré le Premier ministre. Peu seront dupes. Car il est clair que ce sont les pouvoirs publics qui sont responsables de la relance de la protestation sociale en ne respectant pas les engagements qu'ils ont contractés. Le calcul qu'ils ont fait que l'arrêt de la grève de janvier allait entraîner le reflux de la mobilisation des enseignants s'avère totalement erroné. Le pourrissement qui en était escompté ne s'est pas produit et le nouveau bras de fer qui va se jouer dans l'éducation nationale menace d'être grave par ses conséquences. Le secteur de la santé est pratiquement à l'arrêt depuis près de deux mois, celui de l'éducation nationale ne sort d'une grève que pour aller vers une autre. La fronde sociale provoque de l'agitation un peu partout, les scandales liés à la corruption révulsent l'opinion publique. Malgré tout cela, le pouvoir politique s'entête dans la fiction du «tout va bien» et la théorie du «chahut passager et instrumentalisé». |
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