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«La nuit a peur du soleil» de Mustapha Badie: Un chef-d'oeuvre algérien à la cinémathèque

par El-Kébir A.

Le panorama du cinéma algérien se poursuit à un rythme effréné à la cinémathèque d'Oran. Dernière projection en date, jeudi dernier, «La nuit a peur du soleil» de Mustapha Badie, film tourné en 1965 et dont les principaux acteurs sont Mustapha Kateb, Sid Ahmed Agoumi, Yasmina, Tahar El-Amiri.

 Ce long métrage, d'une durée de plus de deux heures et demie, raconte, en trois tableaux, une chronique algérienne pendant la période de la guerre de libération nationale. Cette fresque historique débute quelques années avant la révolution algérienne pour se poursuivre, dans la majeure partie du film, pendant les années cinquante, et se termine enfin l'année où l'Algérie a arraché son indépendance. C'est l'histoire des déboires entre Ali, un contre-maître, et son patron, le typique bourgeois algérien, collaborateur du régime colonialiste, qui plus est. Cela dit, le jour où le vent a tourné, cet énergumène, véritable Crésus au ventre bien gras, ira jusqu'à tenter de détourner le génie de la révolution à ses propres fins crapuleuses. Par ce film, le réalisateur a voulu illustrer la lutte des classes pendant la période révolutionnaire, notamment le rôle de la bourgeoisie «indigène».

 A voir ce film, le spectateur de 2010 aura du mal à croire qu'il s'agit là d'un film algérien tellement il est gavé, ces dernières années, par des longs métrages à la mise en scène «préfabriquée». Ce grand film, en effet, sur le plan de la mise en scène, n'a rien à envier aux grands classiques qui se faisaient à l'époque par centaines, notamment en France, en Italie ou aux Etats-Unis. Du point de vue du cadrage, «La nuit a peur du soleil», titre joliment bien choisi du reste, peut se placer au même rang que «Rocco et ses frères», à titre d'exemple, ou encore «Jules et Jim». Pour ceux qui n'ont pas encore découvert ce chef-d'oeuvre, une autre projection est prévue le 18 février prochain.

 En attendant, les cinéphiles peuvent se gargariser avec d'autres films algériens qui sont actuellement à l'affiche. Parmi eux, on peut compter «Mascarades» de Lyès Salem; «Noua» de A.Tolbi (1972); «Le peintre» de Mohamed Houidek; «La montagne de Baya» de A.Meddour (1997); «Chkoun ana houa» de Brahim Zakaria. En plus de cela, il est également prévu la projection de documentaires, à l'occasion d'hommages rendus à Djamel Khalfaoui et Kateb Yacine. Les deux documentaires projetés ont pour titre : «Mémoire de raï» et «La troisième vie de Kateb Yacine» de Brahim Hadj Slimane. Il est aussi à noter que ces deux projections seront présentées par ce dernier.