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Marché du matériel de travaux publics d'occasion : Marseille fait une croix sur l'Algérie

par M. S.

Après avoir tempêté contre la loi de finances complémentaire, parfois de manière qui a froissé à Alger, les professionnels marseillais se font une raison. Ils cherchent à s'adapter et tirent définitivement un trait sur le très florissant marché du matériel de travaux publics d'occasion.

Il y a eu des inquiétudes relayées jusqu'à l'Assemblée nationale française, qui ont reçu des réponses maladroites de la part d'un ministre français, ce qui a provoqué une réplique d'El-Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce algérien, qui n'a pas aimé qu'une loi algérienne soit discutée dans une assemblée française. Il y a eu aussi des délégations d'élus marseillais venus à Alger s'informer et défendre la cause de leur région. Ils ont été reçus et ont été écoutés. Ils sont repartis, sans doute convaincus qu'il est vain de demander à l'Algérie de revoir sa loi. Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), Michel Vauzelle, reçu en compagnie d'autres élus par Ahmed Ouyahia, avait souligné qu'ils avaient «le plus grand respect pour la souveraineté et les choix du gouvernement algérien ». L'ambassadeur de France avait précédé le mouvement en allant faire une tournée marseillaise et expliquer qu'il faut s'adapter et éviter de donner l'impression d'exiger de l'Algérie de changer ses lois. L'activité commerciale du port de Marseille a été fortement touchée par certaines des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire.

 Mais ce n'était qu'un élément de plus - et non le seul, ni le plus important - dans «l'annus horribilis» 2009 de Marseille. Il y a une question d'adaptation à admettre. Les opérateurs algériens du commerce extérieur ont crié haro sur l'obligation de recourir au crédit documentaire pour le paiement des importations. Ils ont fini, contraints en général, à s'adapter.

 La décision d'interdire l'importation des produits non conteneurisés au port d'Alger avait suscité des alarmes angoissées, à l'évidence exagérées. Les concessionnaires se sont adaptés aux autres ports et il semblerait que certains ont fini par trouver que c'est beaucoup mieux qu'à Alger. Le port de Marseille-Fos, qui a accusé une baisse de 13% de son trafic en raison de la crise générale, s'adapte lui aussi au nouveau cours algérien.

 Jean-Claude Terrier, directeur général du Grand Port Maritime de Marseille et président du directoire du GPMM, le souligne dans un entretien publié par le site «mer et marine». Après les moments d'émoi, les élus sont partis s'informer. Désormais, Marseille fait avec.

Les opérateurs «intègrent les nouvelles règles du jeu»

 Tout en notant que certaines mesures étaient «extrêmement brutales» et «pénalisantes», le DG du Grand Port Maritime de Marseille relève que les «opérateurs économiques intègrent ces nouvelles règles du jeu, s'y adaptent et peuvent recommencer à faire croître certain nombre de trafics». Le responsable du port de Marseille pense que l'on est encore «dans une phase où les acteurs économiques, des deux côtés de la Méditerranée, s'adaptent aux nouvelles règles et vont pouvoir retrouver le chemin de la croissance des trafics». En somme, rien n'arrêtera le commerce...

 Par contre, Jean-Claude Terrier pense qu'il faut mettre «une croix définitive» sur certains segments, l'Algérie ayant définitivement interdit l'importation des matériels de travaux publics d'occasion. «Pour ce secteur, qui était un fonds de commerce traditionnel des bassins Est, il faudra trouver des relais d'activité et des substitutions de marchandises», estime-t-il.

 L'interdiction du matériel et d'engins de travaux publics d'occasion devrait, comme ce fut le cas pour les véhicules, faire l'affaire des industriels. L'importation des engins de travaux publics, neufs et d'occasion cumulés, a été de 671,31 millions de dollars en 2008, contre 365,89 millions en 2007. Une augmentation de l'ordre de 42% qui est indicateur du rush des importateurs sur le matériel de travaux publics d'occasion.