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L'Egypte...
Encore ? Non, c'est juste pour ne pas oublier. Pour mémoire. L'Afrique alors,
pour changer de sujet en restant dans le même continent dévisagé par la grâce
d'une gouvernance, cédant au moindre vent menaçant les dirigeants, mais aussi
les peuples.
Pour les dirigeants, le cadre est trouvé et sert de terrain de solidarité apparemment au profit des nations, au fond pour confirmer que la même dictée de l'Occident riche concerne tous les pays. Juste pour comparer les fautes en attendant la note qui permettra de se positionner par rapport aux autres. L'Union africaine est-elle celle des peuples et à leur profit ? Non. Par optimisme, disons jusqu'à présent. Non. Le seul point positif, c'est que les sommets se tiennent encore pour débattre de thèmes que des experts jugent importants pour l'avenir. Ce 14e sommet, qui a pris fin le 2 février, Journée mondiale des zones humides, avait pour thème « Technologies de l'information et de la communication en Afrique : défis et perspectives pour le développement ». Défi est un terme bien africain, un terme de guerre au moment où les guerres continuent de déchirer notre Afrique bien-aimée. Ici et là, des armes circulent en quantités, de petits dictateurs se maintiennent au pouvoir par les armes et la corruption, sous le regard bienveillant de leurs anciens « maîtres » et, souvent, soutenus par eux. Ici et là, des millions de personnes fuient leurs territoires ou crèvent de faim et de soif pendant que leurs richesses se négocient sur les grandes places boursières, là où l'on meurt d'avoir trop mangé ou trop bu. Des paradoxes ? Il y en a à chaque phrase prononcée, à chaque point à l'ordre du jour. Par exemple, le Président sénégalais propose de trouver une terre pour les Haïtiens en Afrique, argumentant sa proposition par la traite des noirs et un juste retour au pays, comme s'il s'agissait d'un voyage dans le temps. Sans commentaire. Il aura fallu un séisme destructeur pour y penser. Sachant que les Américains ont pris possession des lieux pour des raisons humanitaires, mais surtout stratégiques, M. Wade a tout de même innové dans la stérilité politique. Mais peut-être qu'en élargissant le champ, on pourrait aussi proposer que les intellectuels, hommes de lettres et de sciences africains, dispersés à travers le monde, fassent l'objet d'une attention particulière. Qu'ils reviennent au pays juste pour mettre en oeuvre les recommandations de ce dernier sommet et relever « le défi » de la technologie de l'information et surtout de la communication. Car, comment peut-on lancer un programme de généralisation d'une technologie que personne ne produit ? Evidemment, il reste les multinationales et les appels d'offres internationaux, mais est-ce durable et suffisant pour constituer les bases d'un programme de communication et d'information ? La communication n'est pas seulement le fait de disposer du maximum de gadgets et d'installations qui commencent à poser problème dès la coupure des rubans d'inauguration. Ce n'est pas la disponibilité de cadres formés aux normes européennes qui prennent le chemin de l'exil une fois les diplômes en poche et qui deviennent « cerveaux » par la grâce d'un changement de terre. La communication est une culture de l'échange sans violence dans les deux sens. Comment peut-on parler de communication si des questions aussi primordiales que la pauvreté, l'analphabétisme, la santé et la justice ne sont pas encore réglées ? Si la question de la liberté d'expression et de son cadre général, la démocratie, restent suspendues à la pérennité des pouvoirs dans un continent qui souffre de ses indépendances mal gérées. Et si ces questions n'ont pas été réglées, autant revenir au tam-tam, cela ne coûte presque rien, tout en rapportant beaucoup en terme de communication précisément. Le reste n'est qu'une question de protocole et de belles paroles. L'Union africaine ne servira qu'à passer le témoin d'un chef à l'autre pour une durée d'une année. Et même là, il se trouve que Kadhafi, qui est passé rois des rois d'Afrique durant son mandat, peine à se libérer de la présidence de l'UA par accoutumance, au profit du Président du Malawi. Il aurait demandé un changement des statuts de l'organisation pour revenir à la présidence. Pourquoi pas en fait puisque les mandats à vie passant par des constitutions de conjoncture sont la véritable caractéristique des gouvernants africains ? Quant à l'accès à l'information recommandé par le sommet n°14, il y a tout lieu de s'en inquiéter. Une libre circulation de l'information dévoilerait bien des secrets sur l'état de l'Afrique et sur la manière dont sont gérées les ressources naturelles. Les banques de données sur le Vieux Continent sont plus accessibles à Paris, à Londres ou à Berlin qu'à Alger, Cotonou ou Conakry, pour ne prendre que ces exemples. Allons demander combien d'argent a été investi en Algérie depuis l'indépendance et ce qu'il a rapporté en termes de bénéfices. Demandons alors quelles sont les réserves en richesses naturelles du Congo ou de la Zambie ou encore de l'Angola. Voilà l'information qui fait la force des stratégies de développement et qui reste soumise aux plus grands secrets pour les populations. A ces demandes, par contre, on renvoie les chiffres de sidaïques, ceux du nombre de maladies tropicales, ceux encore des populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, sans dire combien vivent au-dessus du seuil de la richesse. Bien sûr qu'il faut accéder au T.I.C. pour rejoindre la norme en matière de développement humain. Mais dans des pays qui n'arrivent même pas à régler des problèmes de dérangement téléphonique, continuant à suspendre des câbles entre deux poteaux en bois, comment ose-t-on parler de technologie ? Et si l'Afrique est partie en fumée entre les mains des gouvernants, il ne reste qu'à la faire revenir par les mains des peuples, pour peu que leur niveau d'exigence soit de la faire revenir. Ainsi, moins de corruption et plus de transparence nous suffisent à créer une culture de communication et d'information, où les codes et les mots de passe sont accessibles à tous. En attendant, l'UA restera solidaire au sommet et défaite à la base par manque de communication justement. |
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