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La cité Jeanne d'Arc se noie dans ses... hauteurs

par El Kébir A

A cette heure où Oran vit au rythme des chantiers et où les vieux bâtis, principalement ceux du centre-ville, connaissent enfin un début de réhabilitation, on décèle encore dans quelques endroits de la ville des cités qui sont largement à la traîne.

En témoigne - un exemple parmi tant d'autres - la célèbre cité Jeanne d'Arc, sise tout juste entre Gambetta et Carteaux et dont la tour, haute de vingt-cinq étages, est pour le moins dans un piteux état. Du fait de la hauteur de la tour, l'un des principaux problèmes dont se plaignent les habitants, on s'en serait douté, est bien celui de l'ascenseur. Dotée de deux ascenseurs, le premier, du fait de son ancienneté, est dans un état vétuste et peu d'habitants se risquent à l'emprunter.

 Quant au second, il est carrément en panne. Les habitants ont donc décidé de se rabattre sur l'OPGI afin de résoudre ce problème. Seulement, durant les années quatre-vingt, l'Etat a, dans le cadre de la cession de ses biens, vendu la totalité des appartements de ce genre d'immeubles à leurs habitants. De ce fait, ce bien ne lui appartenant plus, il n'est plus du ressort de l'Etat d'intervenir dans ce genre de situation. Voilà du moins ce qu'il en est sur le plan officiel. C'est un donc un problème de copropriété.

 Ceci dit, les habitants ont une toute autre version : il leur est impossible, selon eux, d'acheter des ascenseurs tout neufs, et cela pour la bonne raison qu'ils n'en ont pas les moyens. De plus, beaucoup d'habitants de cette tour ne sont que locataires et ne voudront donc jamais «cotiser». Que faire alors ? A cette heure, les négociations sont au point mort, et le cafouillage semble complet. Pendant un temps, une sortie de crise a été trouvée, celle de couper la poire en deux et d'obliger les habitants à payer au moins un pourcentage de la somme nécessaire à la réhabilitation. Mais même là, ces derniers ont jugé la somme trop élevée pour leurs revenus.

 «Comprenez qu'il est très difficile pour un habitant vivant ici, salarié et père de famille, de débourser 30 ou 40 mille dinars d'un coup», nous dit un habitant. «En fait, nous dit un autre, l'Etat a tout simplement été malin de vendre ces habitations à des particuliers à bas prix, car il savait que cela le désengagerait de tous ces problèmes qui nous tombent dessus aujourd'hui».

 Autre point noir dans cette cité, c'est bien sûr celui de la gestion des ordures. En fait, les appartements de cet HLM sont munis de vide-ordures, parfois encastrés, parfois apparents, et cela afin que l'hygiène de ce quartier soit assurée au maximum ; sauf que le problème est que, depuis belle lurette, ces vide-ordures ont été bouchés et cela en grande partie à cause de l'incivisme de certains habitants, nous dit un des propriétaires, «qui n'hésitaient pas à balancer tout et n'importe quoi par ces conduits». Ce qui fait que, de nos jours, faute de vide-ordures opérationnel, les poubelles sont déposées dans un bac, vidé un jour sur deux par les camions à ordures, mais qui se retrouve le plus souvent débordé. «C'est avec l'avènement de l'été que cela devient insupportable», nous dit un autre habitant, qui assure compter pendant cette saison, depuis sa fenêtre, des rats «en pagaille», traînant à même le sol.

 Puis il reste encore deux problèmes, et non des moindres, concernant en premier lieu le manque d'éclairage public, faisant cloîtrer, la nuit venue, les habitants dans leurs demeures, ne se risquant pas à sortir de peur des agressions. Et il y a aussi le problème du ravalement des façades. «Contrairement à la cité de La Fontaine ou à la cité des Falaises, la nôtre n'a pas bénéficié du ravalement des façades. Dans le temps, elle était peinte en jaune, et ensuite repeinte en vert. Aujourd'hui, la peinture s'est tellement défraîchie qu'on décèle même le jaune d'antan».

 Il faut dire que la cité Jeanne d'Arc, comme la cité Perret, la cité Mafal de Dar El-Beida ou la cité Lescure, vivent à peu près les mêmes problèmes et toutes attendent une réhabilitation digne de ce nom.