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L'image de Sonatrach, la compagnie pétrolière
algérienne emblématique de l'économie du pays et de son fonctionnement, est
sérieusement ternie par la décapitation qu'elle vient de subir à la suite de
révélations d'opérations douteuses. Dans les milieux pétroliers, réputés pour
la brutalité de leurs moeurs et leur peu de scrupules, l'affaire est
relativisée. Quelle compagnie pétrolière peut se targuer d'être vierge de tout
scandale ? La corruption sous ses diverses formes, les malversations et
détournements en passant par le népotisme, serait consubstantielle à un secteur
d'activités où se rencontrent des intérêts majeurs, financiers et stratégiques.
Les donneurs de leçons, à l'instar de certaines sociétés pétrolières scandinaves, promptes à mettre en avant leur déontologie, développent avant tout des stratégies de communication. Si la probité et la transparence n'ont pas cours dans ces cercles, il y a malgré tout un minimum de règles qui limitent ou, à tout le moins, encadrent ces dépassements. Or, dans le sillage de l'affaire qui secoue le landerneau ces derniers jours, il semble bien que Sonatrach, si l'on en croit une épître aux enquêteurs signée de Hocine Malti, un ancien vice-président «historique» de la compagnie nationale, se situe hors de toute épure et constitue quasiment une synthèse des dérives. A l'aune des faits évoqués par cette lettre, les passations de contrats de gré à gré ne sont que péripéties. Les conclusions des rapports d'enquête, les révélations de la presse sur les dépenses exorbitantes de la direction de Sonatrach donnent corps aux graves développements assumés par Hocine Malti. Compte tenu de la dimension et de la sensibilité des dossiers énumérés par une «lettre aux enquêteurs du DRS» désormais fameuse, il est très vraisemblable que d'autres investigations pourraient situer l'étendue des dégâts. Mais pour importantes qu'elles soient, les dimensions policières ou juridiques de cette affaire ainsi que les responsables mis en cause n'en sont pas les éléments décisifs. Ils ne sont que les révélateurs d'un dysfonctionnement structurel. S'agissant du soubassement unique de l'économie nationale, se pose évidemment la question du choix des hommes et des valeurs morales qu'ils véhiculent dans l'exercice des responsabilités qui leur sont confiées. Certes, mais au-delà de l'éthique - valeur démonétisée en ces temps de business roi -, ce que révèle le scandale Sonatrach est l'absence de supervision opérationnelle. Le coeur de la problématique de la corruption et de la mauvaise gestion déplorées par la vox populi réside bien dans l'absence de contrôle par des institutions souveraines, l'Assemblée nationale, ou qu'il soit le fait de corps de supervision technique, comme les organes spécialisés du ministère des Finances. La tradition de non-reddition de comptes alimente laxisme et opacité et conduit, quasi mécaniquement, à des dépassements de la part d'individus qui ne doivent pas toujours leur position à leurs compétences. Les plus grandes compagnies pétrolières mondiales sont soumises à un contrôle permanent. Leur gestion est passée au crible par leurs actionnaires et leurs autorités, sans que personne pousse des cris d'orfraie ; des réputations entachées ont pu être réhabilitées. Ce qui est valable ailleurs l'est tout autant sous nos cieux. L'image de Sonatrach est atteinte mais ce n'est pas là l'essentiel. Tant que les notions de contrôle institutionnel et technique ne seront pas admises par tous, la corruption a de beaux jours devant elle. ! |
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