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Le Colisée renaît de ses cendres

par Saïd B.

Après avoir vécu par le passé un véritable état de nécrose, la salle de cinéma Le Colisée, qui trône au centre-ville de Tlemcen, fera l'objet au courant de cette année d'un programme d'aménagement et d'équipement de grande envergure qui va lui permettre de faire un véritable lifting et de redorer du coup son blason. Lors de la visite effectuée dernièrement par la ministre de la Culture à Tlemcen et en présence du wali, une décision a été prise sur place afin de retaper cette salle en vue d'être au rendez-vous avec l'évènement «Tlemcen, Capitale de la Culture islamique 2011».

 Dans ce cadre, il convient de noter que cette salle, qui a été abandonnée depuis plus de deux décennies, se trouve dans un état piteux. Plafond détruit, sièges saccagés, murs lézardés, un écran et un plancher défoncés, un vrai désastre.

 Il est loin le temps où la salle de cinéma Le Colisée faisait carrément partie du patrimoine de la ville. En effet, quotidiennement, les jeunes de tous âges affluaient vers cette salle pour regarder des films de l'époque. Le Colisée était un véritable pôle d'attraction. Ceux qui n'avaient pas les moyens d'accéder à la salle de projection se contentaient d'admirer des séquences photos des films collées sur un tableau destiné à cet effet ou achetaient des bandes dessinées étalées à même le trottoir attenant au cinéma. De l'autre côté de cette rue, le regretté Ba Omar, au moyen de sa «carrossa», vendait du «karène». «Maciste contre le cyclope», «Le triomphe des dix gladiateurs», «Ulysse», autant de chefs d'oeuvre artistiques qui mettaient l'eau à la bouche des jeunes qui remplissaient les mezzanines et le balcon.

 De l'autre côté de l'endroit et sous l'ombrage d'un platane, le regretté «Breyedj», avec sa petite table, débitait de bonnes paroles pour vendre son jus de citron. El-Hadj Benyounès, lui, vendait des cornets de cacahouètes que les habitués du cinéma appréciaient. Tout ce beau monde donnait à l'endroit un décor envoûtant.

 Selon des témoignages, la salle de cinéma Le Colisée avait vu par le passé le passage de Dalida et de Charles Aznavour, qui avait donné en 1952 des spectacles pour les mélomanes et les férus de la musique classique. Réalisée en 1936, cette salle de cinéma était également un lieu de rendez-vous pour certains fidaïs de la guerre de libération nationale, affirment certains.

 A l'indépendance, la salle de cinéma est devenue un véritable pôle culturel pour les jeunes cinéphiles, avant de connaître, il y a deux décennies, un début de dégradation, pour sombrer ensuite carrément dans les profondeurs de l'abîme.