Le mauvais temps
de ces derniers jours et les vents violents qui ont soufflé sur le littoral
n'ont pas été sans causer des dégâts sur le matériel des marins-pêcheurs
stationnés à Mers El-Hadjadj. Cette corporation compte la perte d'une
embarcation, emportée par les flots à partir du petit port où elle était
amarrée, ainsi que des filets que les gens de mer laissent d'habitude sur la
petite plage. On signale également la détérioration du matériel et des moteurs
entreposés dans deux petits garages à barques de fortune situés dans la plage
du petit port. Ces dégâts ne sont pas trop importants dans la globalité, mais
perdre une embarcation de la sorte c'est dramatique pour le marin-pêcheur qui
voit ainsi son gagne-pain englouti à tout jamais par une mer imprévisible.
Ajouté à cela, le souvenir amer du mois de novembre 2001 où une violente
tempête a été à l'origine de l'élimination de nombreux garages pour cause de
travaux de confortement de la ruelle qui borde le petit port et des promesses
non tenues pour la réalisation d'autres petits garages en remplacement de la
démolition des anciens garages. Depuis lors, la corporation est confrontée au
problème de l'ancrage. En hiver, le problème ne se pose pas, si l'on exclut le risque
de vol des filets de pêche et des moteurs coûtant des fortunes, mais en été les
embarcations sont interdites de stationnement au niveau de la petite plage, ce
qui signifie que les pêcheurs doivent faire comme ils peuvent pour déplacer les
lourdes embarcations dans des endroits sécurisés. A Mers El-Hadjadj, il y a
presque 80 familles qui vivent de ce métier hérité de père en fils. Mais au
rythme où vont les choses, le métier risque de mourir, non pas à cause de la
rareté supposée du poisson, mais à cause du manque d'infrastructures adéquates.
Nombreux sont ceux qui ont déposé le registre de commerce de l'artisan-pêcheur
et qui se sont tournés vers des métiers de terre, d'autant plus que la région
qui voit se réaliser le grand complexe d'urée ammoniac a recruté une nombreuse
main-d'oeuvre locale. Le village pittoresque qu'était Mers El-Hadjadj se
transforme peu à peu en une zone entièrement dédiée à l'industrie pétrolifère.
Même les habitants du petit bourg d'El-Grarba, dont l'emplacement fait
désormais partie du périmètre de la zone industrielle, ont été dédommagés et
délogés, l'été dernier, vers le centre du village pour cause d'utilité
publique, précisant que la bande du littoral est un bien domanial interdit à
toute construction. Pour ceux parmi les habitants qui y disposent de cabanons,
le créneau de la location s'est avéré porteur avec ces innombrables entreprises
opérant dans la région et qui manquent de lieux d'hébergement. En somme, la
localité a beaucoup perdu de son cachet de station balnéaire, en raison de sa
proximité avec la zone industrielle de Bethioua, ceci sans compter avec la
grande plage qui aura à abriter la plus grande usine de dessalement d'eau de
mer du monde, en terme de production. Le métier de la pêche, ainsi donc, est-il
en train de mourir dans la localité ?