Le problème de la passe du port de Béni-Saf
est revenu, ces derniers temps, au devant de la scène. L'accès du port est
devenu, une dure épreuve aux navigants. L'inquiétude, au port de Béni-Saf, est
grandissante, et les voix se sont élevées notamment celles de propriétaires de
bateaux qui craignent pour leurs bateaux et appellent à une action urgente
définitive ou durable. «Combien de fois, alors que nous fuyons une mer
démontée, nous nous retrouvons devant une entrée au port autant plus
difficile», explique ce patron de pêche. Ce raïs explique encore comment et
combien il faudrait aujourd'hui s'appliquer pour guider le bateau au plein axe
de la passe, afin d'éviter de toucher le fond ensablé synonyme de détérioration
de la coque. La stagnation naturelle, et sans limite, du sable complique la
navigation au niveau de ce détroit devenu si étroit. La largeur de l'entrée du
port de Béni-Saf qui en principe devrait être, cite t-on, d'environ 60m, n'est
qu'à peine à sa moitié. Pis encore, le niveau de profondeur du sable est monté.
La norme de la profondeur utile de la passe, ou tirant d'eau, doit être
moyennant les 6m. Cet ensablement naturel, qui constitue aujourd'hui le souci
majeur de ces professionnels de la mer, est un phénomène physique cyclique. Il
se constitue à partir des mouvements des courants marins provoqués par les
vents. Cet ensablement se forme notamment au printemps quand les vents d'ouest,
qui soufflent généralement d'octobre à mars, auront entraîné le sable jusqu'à
la porte du bassin. Puis d'avril à septembre, les vents d'Est se chargeront
pour balayer tout ce dépôt de sable vers l'intérieur du bassin dont une partie
s'accroche aux obstacles naturels (rochers convexes ou dingues concaves) et
obstrue l'entrée. Nature aidant, le sable s'entrepose sur cette partie du port,
réduisant la profondeur de l'eau et compliquant le passage. Pis encore, la
configuration actuelle du bassin port favorise beaucoup l'évolution de ce
dépôt. L'actuelle jetée Nord, qui s'avère courte, ne constitue pas un abri
efficace contre l'ensablement naturel. En 2001, le LEM (laboratoire des études
maritimes) de Bou-Ismail avait, sur la base d'une étude effectuée sur un modèle
réduit du port de Béni-Saf avec toutes ses caractéristiques, proposé le
prolongement de cette jetée Nord sur une longueur de 170m et en épi avec un
angle de 160°. Cette disposition permettrait alors de mécaniser le mouvement du
sable, l'obligeant de terminer sa course plus loin. Le projet était retenu mais
le chantier n'a jamais vu le jour. En plus, l'étude préconisait un dragage
régulier. Le projet n'a depuis jamais vu le jour. Mais en attendant, il
faudrait draguer ou racler très souvent ce sable en surplus. Car le dragage du
sable permet de normaliser la profondeur utile à la navigation à l'intérieur
comme aux proximités du port. La dernière opération de dragage du port de
Béni-Saf remonte à 2002. Près de 100.000 m3 de sable ont été raclés en 03 mois
par une société danoise, chargée de cette mission. Notons que l'ensablement
naturel du port de Béni-Saf est estimé à quelque 40.000 m3 par an. Pour en
savoir plus sur cette question, nous avons contacté une source proche du
secteur, cette dernière a affirmé qu'une opération de dragage est bien inscrite
pour «cureter» les 02 ports de la wilaya de Ain-Temouchent, Béni-Saf et
Bouzedjar, mais sans donner de date concernant le lancement du chantier.