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« Il faut cesser de transférer les détenus de la prison de Guantanamo à
destination de l'Algérie, du Soudan, de l'Afghanistan, du Pakistan, de l'Arabie
Saoudite et de la Somalie.» C'est là un appel adressé au président américain,
émanant de deux sénateurs républicains, John McCain, ancien rival de Barack
Obama à la présidentielle de 2008, et son collègue Lindsey Graham. Les deux
sénateurs avancent comme argument la crainte de la récidive terroriste. John
McCain et Graham ont cautionné la décision du président de faire cesser les
transfèrements à destination du Yémen, pays qui aurait servi de base de départ
au jeune Nigérian, auteur présumé d'une tentative d'attentat, raté, le 25
décembre sur un avion de ligne américain entre Amsterdam et Detroit. Les élus,
qui siègent à la commission de la Défense du Sénat, ont émis leur souhait
qu'Obama élargisse la liste des pays où les prisonniers ne doivent plus être
transférés en mettant en avant «les risques liés à de tels transfèrements».
Les deux sénateurs ont, du coup, réclamé la déclassification des derniers chiffres du Pentagone portant sur le nombre d'anciens prisonniers qui auraient repris des activités terroristes. Un rapport du Pentagone paru en avril affirmait que près de 14% des ex-détenus libérés de Guantanamo avaient «repris des activités terroristes» ou étaient soupçonnés de l'avoir fait à la mi-mars, contre un taux de 11% en décembre 2008. Mais les derniers chiffres disponibles restent classifiés. Depuis lors, ce pourcentage est passé à 20%, ont révélé deux responsables du Pentagone. Un document publié en avril fait état de deux dirigeants de la branche d'Al-Qaïda au Yémen qui sont d'anciens prisonniers de Guantanamo. En mai, le Pentagone avait publié un rapport estimant à 61 (soit un sur sept) le nombre d'anciens détenus de Guantanamo libérés ayant repris une activité terroriste une fois rentrés chez eux. Les associations américaines de défense des droits de l'homme contestent ces données du Pentagone. Dans la foulée, le sénateur indépendant Joseph Lieberman a estimé que ces transferts d'anciens terroristes présumés dans un pays sanctuaire d'Al-Qaïda étaient «hautement imprudents et irréfléchis». Deux jours auparavant, à l'issue d'une réunion de crise sur le terrorisme, Barack Obama avait réitéré sa promesse de campagne de fermer la prison de Guantanamo, malgré des retards induits par la décision de suspendre le transfèrement de détenus yéménites vers leur pays, dans la foulée de l'attentat manqué du 25 décembre. Deux des cerveaux de l'opération revendiquée par la branche d'Al-Qaïda au Yémen étaient d'anciens prisonniers de Guantanamo. «Certains ont suggéré que les événements du jour de Noël devraient nous faire réviser la décision de fermer la prison de Guantanamo Bay. Il a toujours été notre intention de transférer les détenus dans des pays tiers à condition d'avoir l'assurance que notre sécurité sera protégée», a répété Obama qui a estimé que «Guantanamo est devenue un outil de recrutement de premier plan pour Al-Qaïda». Actuellement, 198 prisonniers - dont 91 Yéménites - attendent leur sort sur la base de Guantanamo, à Cuba, contre 750 autrefois. Depuis l'ouverture de Guantanamo, 532 détenus ont été relâchés et transférés. Une centaine devait être relâchée ou extradée vers leur pays d'origine ou des pays tiers. Une quarantaine de prisonniers serait en passe d'être traduite devant des tribunaux civils ou militaires aux Etats-Unis. A signaler que deux anciens prisonniers algériens de Guantanamo, Abdelli Faghoul et Terari Mohamed, accusés d'appartenance à un groupe terroriste activant à l'étranger, ont été acquittés, le 22 novembre dernier, par le tribunal criminel près la cour d'Alger. Ils avaient passé sept ans de prison à Guantanamo sans aucun jugement. Ils avaient affirmé qu'ils avaient été «torturés» durant leur emprisonnement. |
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