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Réagissant aux inquiétudes et critiques exprimées au lendemain des
déclarations du ministre de l'Intérieur français Brice Hortefeux, les autorités
françaises ont affirmé jeudi que le nouveau dispositif de sécurité aérienne
adopté en France et incluant l'Algérie parmi les «pays à risque» «n'est dirigé
contre aucun pays et ne stigmatise aucune population». En attendant une
réaction des officiels algériens, on tente, côté français, de minimiser
l'impact de telles mesures sur les relations algéro-françaises. «Il faut éviter
tout malentendu. Le dispositif français de sécurité aérienne n'est dirigé
contre aucun pays et n'a pas pour objet de stigmatiser telle ou telle
population», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Bernard Valero, lors d'un point de presse jeudi. L'animateur de la
conférence était interrogé sur les inquiétudes que suscitait cette mesure. «La
France n'a pas oublié le combat douloureux mené par l'Algérie contre le
terrorisme, lors du conflit opposant le pouvoir aux islamistes dans les années
90. Or, ce combat n'est pas terminé car la menace demeure, même si elle a
changé d'intensité et de nature», a déclaré M. Valero. Tout en saluant «la
détermination des partenaires algériens à lutter contre le terrorisme», le
porte-parole a affirmé que la France continuera de travailler en étroite
coordination avec l'Algérie. En outre, M. Valero a plaidé pour que des
«réponses communes» européennes soient mises au point en matière d'échange de
données, de contrôle de sûreté dans les aéroports ou de sûreté des vols
arrivant en Europe.
Dans une déclaration, mercredi dernier à la Radio Europe 1, le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux avait estimé qu'il fallait «recueillir le plus grand nombre d'informations possible» au moment de l'embarquement des passagers. Il a confirmé que depuis le 1er janvier, comme il l'avait annoncé fin décembre, «les compagnies qui ne donneraient pas la liste de leurs passagers seraient sanctionnées» et risqueraient de payer une amende de 50.000 euros. «A ce stade, c'est au moment de l'embarquement», a-t-il dit. Mais il faudrait «avancer vers la possibilité d'obtenir des renseignements dès la réservation», avait-il ajouté, souhaitant une «initiative européenne» en ce sens. M. Hortefeux a en outre indiqué que le gouvernement français réfléchissait à l'introduction de scanners corporels ou de détecteurs d'explosifs dans les aéroports. Un groupe de travail a été mis en place à la demande du président français Sarkozy qui attend «des propositions dans un délai rapproché de moins d'un mois», a-t-il expliqué. Le ministre français a en outre souhaité élargir la liste des zones à risque à 20 ou 30 pays contre sept actuellement, parmi plusieurs initiatives à engager pour lutter contre la menace terroriste. «Il faut à l'évidence élargir le nombre des pays à risque. Aujourd'hui il y en a sept, il faut sans doute qu'on monte à entre 20 et 30 pays», a déclaré M. Hortefeux. Ces sept pays sont le Yémen, l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan, le Mali, la Syrie et l'Algérie. D'autre part dans une déclaration à la presse allemande, le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, s'est dit opposé à un usage généralisé des scanners corporels dans les aéroports européens. «On ne devrait pas forcément utiliser systématiquement les appareils pour tous les passagers sur toutes les liaisons aériennes. On pourrait choisir certains vols et scanner leurs passagers et peut-être une partie des autres voyageurs», a-t-il déclaré au Financial Times Deutschland. «Si la protection de la vie privée est garantie, si les droits à la protection des données sont respectés et si les appareils permettent un contrôle plus efficace, je serai pour une décision rapide», a-t-il ajouté, estimant «souhaitable» que la Commission européenne fasse une proposition. La présidence espagnole de l'UE, soutenue par les experts de l'aviation des pays européens, a plaidé jeudi en faveur d'une position commune sur l'usage des scanners corporels. Les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont décidé de s'équiper de scanners corporels dans leurs aéroports, mais l'Allemagne ou l'Espagne sont beaucoup plus réservés. La France et l'Italie envisagent d'expérimenter prochainement des scanners corporels dans certains de leurs aéroports. |
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