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Pendant que
certains s'interrogent encore sur le rôle du Sénat alias «Le Conseil de la
Nation», sur son utilité, d'autres ont trouvé l'astuce, en partant à la
conquête de cette institution peu popularisée du fait de son ticket d'accès.
Passer entre les mailles des élections communales ou wilayales, pour se présenter ensuite, comme candidat à un siège sénatorial est un long chemin, en tout cas plus long que celui du député vers la chambre dite «basse». En plus, ce chemin est formateur en ruses diverses pour arriver d'abord, se maintenir ensuite pour pouvoir aller plus loin dans une stratégie individuelle enfin. Mais c'est un chemin qui mérite que l'on s'y intéresse maintenant que sur le marché se dessine une nouvelle configuration des catégories attirées par les mandats parlementaires des représentations nationales. A ces dernières élections on a bien assisté à l'émergence de personnes issues du monde des affaires, et dont l'intérêt pour la politique ne semblait pas apparent. Du moins en surface. Cela a offusqué les perdants autant que les calculateurs des petites voix partisanes, en même temps que la naissance de pratiques électorales basées sur l'achat de voix. Une voix une enveloppe et «donnes l'air à tes pieds». C'est ce qui se dit, c'est ce qui se sait et se dénonce, mais c'est une pratique qui n'est pas illégale puisqu'aucun mécontent n'a déposé plainte. C'est dire que les enveloppes peuvent ouvrir les routes dans des endroits inaccessibles de la mère patrie. Cette nouvelle donne des chambres de commerce qui lancent leurs troupes à l'assaut du Sénat maintenant, relèverait selon des observateurs pragmatiques d'une stratégie qui se dessine, mais qui n'est en fait qu'un retour aux mécanismes qui fondent le Capital depuis le 19 ième siècle déjà. Cela a le mérite d'être clair. On ne peut pas comprendre chez nous qu'une personne qui s'est enrichie veuille faire de la politique considérant que la politique est faite pour s'enrichir. Cette notion a mené à une véritable escalade de tous genres, empruntant les marches des partis politiques ou de ces coquilles qui leur ressemblent par la force des manigances et du bourrage d'urnes. Pour se retrouver à découvrir une vie de luxe dont un parlementaire n'aurait jamais pu rêver. Le temps qu'ils découvrent Alger et surtout ses environs, ses hôtels, le petit déjeuner continental en Kamis et claquette, il peut se passer un mandat qui n'aura servi qu'à régler la petite logistique personnelle. «Le peuple n'a qu'à aller se faire voir ailleurs et s'il a envie qu'on le représente bien il n'a qu'à élire deux fois de suite les mêmes personnes» comme rapporté par la fameuse histoire d'un ancien président d'A.P.C. Le drame c'est que le peuple n'a jamais vraiment voté, il a tout au plus poussé dans une boite, un papier en contrepartie d'un cachet sur sa carte d'électeur, dans l'espoir qu'elle serve à arracher à l'Etat quelques avantages. Donc forts de l'expérience des affaires et des projets qui aboutissent dans une économie gourmande en projets, la capitaliste algérien ou du moins ce qui est en voie de le devenir, a compris que l'usage de l'argent dans la politique n'est pas antinomique avec la morale, ni avec la loi. Le FIS avait bien utilisé l'argent et la religion pour accéder au pouvoir. Il n'y est pas arrivé tout simplement parce qu'il voulait tout de suite, confiant dans la conjoncture internationale de l'époque et soutenu par l'Occident et par une partie de l'armée. Aujourd'hui nous avons affaire à une catégorie professionnelle qui tend à s'organiser en classe sociale pour défendre ses intérêts, cela va de soi. Il sera difficile au gouvernement de faire avaler comme il le fait actuellement avec les parlementaires n'importe quelle loi de finance et encore moins complémentaire. Au Sénat, les riches, en plus de l'immunité accordée par la loi auront tendance à déranger l'ordre établi, selon lequel les consignes partisanes sont prioritaires sur l'avis individuel. La politique risque ainsi de connaître une phase nouvelle où tous les coups sont permis. Comme en politique ! Il ne s'agira plus de lever la main, pendant que l'autre main cure le nez par sale habitude, mais par conviction que les intérêts de classe sont préservés. Et même si l'on n'est pas d'accord l'adversaire est identifiable et clairement identifié. Le pouvoir de l'argent absorbant le pouvoir politique, ou composant avec lui, peut mener à une société civile, débarrassée de fausses croyances basée sur le mensonge de grandeurs qui n'en sont pas. L'argent introduit la rationalité et comme nous avons grand besoin de revenir à des valeurs qui fondent la raison, il faut espérer que l'exclusion sociale ne soit pas la priorité de la démarche. En introduisant les valeurs du travail, celles du respect de la propriété individuelle et collective, celle de la justice réellement indépendante. Si pour le moment le Sénat est investi de personnalités du monde des affaires, il faut s'attendre à une nouvelle configuration de la prochaine assemblée Nationale, qui nous a longtemps introduit la confusion linguistique avec l'A.N.P. Simple confusion. Imaginons une situation où les deux chambres qui dormaient jusque-là sur les acquis d'un passé composite, s'emplissent de parlementaires qui n'ont rien à devoir à un parti politique, ni à un chef religieux, ni à un général, ni à un beau frère. L'argent assurant l'indépendance des positions, l'immunité permettant de dénoncer les gros trafics de projets qui bénéficient à tout le monde sauf aux Algériens, on peut assister à un renouveau tant attendu. Tant attendu par les plus riches évidemment, qui ont eu tout le temps de s'enrichir mais qui sont passés à un autre niveau d'exigence, celui d'aller voir là-haut ce qui se passe et ne pas se suffire de verser quelques pots de vin pour une simple relation, ou une soirée mondaine. Faire de la politique dans cette vision ne sera pas donnée au commun des fonctionnaires. Il faudra «être solide» pour affronter des campagnes qui promettent sinon d'être difficiles, du moins de nous amuser. Comme a eu le mérite de le faire la dernière Sénatoriale. Les dérapages seront certainement nombreux mais pour une fois ils seront prévisibles. |
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