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Depuis quelques années, le gouvernement a lancé ou envisage de lancer
nombre de lignes de tramways dans les plus grandes villes du pays, mais aussi à
travers d'autres qui connaissent un développement fulgurant à la faveur du
programme quinquennal du président de la République.
De prime abord, l'objectif avéré des autorités est d'atténuer la crise de transport : des milliers de bus assurent tant bien que mal et souvent dans l'anarchie la plus totale, la tâche de transporter des citoyens d'un lieu à un autre. Ce n'est bien évidemment pas la seule raison. Rattraper le temps perdu dans un secteur aussi stratégique a été l'une des priorités tracées dans le programme présidentiel de relance économique. Le monde avait changé et notre pays, qui luttait pour sa survie durant les années de terrorisme, a accusé un retard très handicapant. Le lancement du projet de réalisation du métro d'Alger et du tramway dans les centres urbains s'avérait une nécessité pour l'image de l'Algérie devenue « fréquentable » en lançant des projets de plusieurs milliards de dollars. Le défunt ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, a travaillé sans relâche durant des années de suite pour mettre sur les rails tous ses projets auxquels le chef de l'Etat accordait une importance particulière. Son successeur, Amar Tou, qui était à la tête du département de la Santé, héritera ainsi de cette tâche qui consiste à poursuivre les travaux pour concrétiser des projets considérés parmi les plus importants du pays. Le métro et le tramway représentent un signe de modernité, diront tous les spécialistes. Amar Tou avait annoncé dernièrement devant l'Assemblée populaire nationale (APN) que le secteur réceptionnera 6.561 km de nouvelles lignes d'ici l'année 2014. Outre le projet de réalisation d'une ligne à grande vitesse et de l'extension du métro d'Alger, le ministre des Transports évoque le projet de création du réseau du tramway, dont l'extension des lignes est prévue dans les « prochaines années » à Alger, Oran et Constantine. Amar Tou a également cité devant les parlementaires les études relatives à la réalisation d'autres lignes de tramways dans six autres wilayas dans le cadre du quinquennat 2010-2014. En fait, c'est une véritable dynamique qui s'installe dans le secteur avec l'injection de milliards de dollars pour faire vite et surtout bien. Mais en parallèle, le lancement de tous ces projets d'une manière quasi simultanée a provoqué sans exagération une véritable « clochardisation » de nos cités. Partout où les travaux du tramway sont lancés, on assiste, impuissants, à la transformation de nos centres urbains, défigurés, où l'asphalte se mêle à la boue et où le piéton se dispute le peu d'espace qui reste encore avec l'automobiliste. Cela dure depuis l'année 2006, date du lancement des travaux. A Bab Ezzouar, à l'Est d'Alger, à titre d'exemple, les travaux d'extension de la ligne du tramway s'éternisent et les citoyens commencent à s'impatienter. Les automobilistes doivent circuler sur les trottoirs pour éviter les grillages qui séparent des lignes du tramway. Située au coeur de l'une des principales artères de Bab Ezzouar, cette ligne d'extension a complètement déformé l'image d'une ville qui ressemble désormais à un «douar» oublié. Très souvent, le chantier, dont les travaux sont confiés à une entreprise française, s'arrête subitement. Les ouvriers ne donnent pas signe de vie parfois durant plusieurs jours, sans raison apparente, ce qui renseigne sur la « cadence » des travaux de ce chantier qui commence à peser sur les habitants. On ne peut plus parler de cadre de vie tellement il n'existe plus. Au niveau de Mohammedia (ex-Cinq Maisons), des dizaines de commerçants ont fermé boutique à cause des travaux. Il y a quelque années pourtant, l'endroit, réputé pour ses restaurants, était la destination favorite des familles algéroises, mais aussi de voyageurs qui n'hésitaient pas à s'arrêter pour déguster du poulet sur la braise, une spécialité dont se targuaient les restaurateurs de ce côté de l'Algérois. Aujourd'hui, toute la région est tellement hideuse que personne ne passe par là. D'ailleurs, dans certains endroits, entre les lignes de tramway et les habitations, à peine un mètre de distance séparent les deux. Certains habitants ne cachent pas leurs inquiétudes devant cette «proximité», une fois le tramway mis en service. En allant plus loin vers Bordj El-Kiffan, c'est le même spectacle. La cité est « éventrée » par les travaux du tramway. Station balnéaire, fréquentée par des dizaines de milliers de touristes chaque année, Bordj El-Kiffan ne respire plus et constitue une véritable « plaie béante ». L'animation qui caractérisait cette station balnéaire a complètement disparu. Quant au métro d'Alger qui a englouti des milliards, la date de sa réception n'est pas encore arrêtée. Pourtant, des promesses ont été faites sur « l'inauguration imminente » de ce métro, le premier dans notre pays. Son inauguration avait pourtant été promise pour l'été 2009 par le ministre des Transports Amar Tou à l'occasion de la réception en octobre 2008 de la première rame du métro d'Alger. Même le directeur du projet du métro d'Alger, Philippe Sauvard, avait avancé les mêmes assurances sur la mise en service de ce métro pour l'année 2009. En fait, chaque année, des dates sont avancées par les responsables en charge du secteur sur la réception du métro et du tramway, qui constitue pourtant l'une des priorités du gouvernement, mais cela s'apparente malheureusement à un voeu pieux. Rien ne filtre du côté du ministère des Transports sur les raisons de ces retards qu'accusent ces deux projets. Pourquoi tant de retards inexpliqués ? Les cahiers des charges ont-ils été respectés ? Ce sont là quelques questions qui ne trouvent pas réponse pour l'heure. Nous avons sollicité le ministère des Transports pour avoir des explications, mais en vain. |
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