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Nul ne nie que la menace terroriste existe et qu'il faille s'en prémunir.
Mais attiser les haines, accentuer l'isolement et stigmatiser ceux qui en
souffrent en premier n'est rien d'autre que ce que recherchent, à tout prix,
les prédicateurs de la violence et du terrorisme. Les dernières décisions
américaines en matière de sécurité dans les aéroports soulèvent, à juste titre,
moult interrogations, particulièrement chez les citoyens des pays classés à
«hauts risques», c'est-à-dire ceux considérés comme susceptibles d'être
pourvoyeurs de kamikazes ou de servir de base de soutien au terrorisme. Dans ce
sens, la liste des 14 pays figurant sur une liste de la CIA et du Pentagone
pèche, pour certains de ces pays, par un excès de jugement et d'a priori (de
clichés) bien loin de la réalité que vivent lesdits pays. Si les USA ont des
raisons de craindre des attentats terroristes montés à partir de l'Irak, de
l'Afghanistan ou du Yémen, cela va de soi et se comprend: ils occupent les deux
premiers et encerclent le troisième. En revanche, soupçonner des pays comme le
Nigeria, le Liban ou l'Algérie d'être des bases de soutien au terrorisme
international ne traduit rien d'autre qu'une approche primaire, partiale et
dangereuse du fléau terroriste mondial. Stigmatiser les populations de ces
derniers pays en les «taxant» de terroristes ou de soutien au terrorisme n'est
pas pour les encourager à «aimer» l'Amérique d'Obama et l'Occident d'une
manière générale. Elles (les populations) se sentent comme insultées,
repoussées par cet Occident dont elles ont cru à la «main tendue» lors du
discours du Caire du 4 juin 2008 prononcé par le président américain.
«L'Amérique et l'islam ne doivent pas s'exclure, ne doivent pas être en
compétition», avait déclaré le président Obama.
Pourtant, à la première tentative d'attentat manqué sur un avion américain, 14 pays à majorité musulmane, excepté Cuba (pour d'autres raisons), sont «exclus du coeur» des Américains. C'est-à-dire «livrés» aux arguments d'El-Qaïda et son discours de haine de l'Occident. «Oui, l'Occident, USA d'Obama compris, ne vous aiment pas en réalité. La preuve !» expliquera le recruteur terroriste au nom de l'islam. Certains de ces pays souffrent ou ont souffert beaucoup de la violence terroriste et appellent encore à l'aide internationale pour se sortir de cette barbarie du siècle commise au nom de l'islam. Et puisqu'on y est dans le chapitre du soutien au terrorisme, où étaient les USA et l'Occident lorsque l'Algérie était le premier des pays livré à la terreur intégriste ? N'est-ce pas ces mêmes USA et l'Europe qui accueillaient les chefs du terrorisme en leur offrant gîte, couvert et protection ? Les bases de soutiens logistique et financier à ce terrorisme ne se trouvaient-elles pas (et se trouvent encore dans bien des cas ; il n'y a qu'à suivre l'actualité) dans ces pays occidentaux ? Il est clair que les services secrets de ces pays n'ont pas encore mesuré tout l'impact psychologique subi par les populations, algérienne ou libanaise par exemple qui ont vécu la violence terroriste et les leçons qu'elles en ont tiré. Pire, une telle décision sape les efforts de gouvernants sincères (il y en a) dans ces pays qui font barrage au terrorisme et ses soutiens. Par ailleurs, il était attendu que la volonté du président américain de réconcilier Occident et monde musulman n'allait pas se réaliser sans résistances et coups bas des tenants du clash des civilisations et autres prédicateurs évangélistes américains. Les membres du parti républicain, en particulier les soldats de la famille Bush, n'ont pas digéré la victoire du démocrate Barack Obama. Ils ne lui laisseront pas les chances de réussir la paix. Et cette paix globale ne peut, paradoxalement, se réaliser qu'en mobilisant la communauté internationale dans la lutte contre le fléau du terrorisme international et en s'attaquant à ses causes profondes (misère, colonisation, injustices, discriminations, dictatures...) où qu'elles se trouvent. Y compris en Occident. Quant aux Algériens, ils savent mieux que quiconque ce que sont la violence terroriste et les souffrances qu'elle engendre. Ils savent ce qu'est l'isolement par la communauté internationale. Ils ont perdu dans la solitude plus de 200.000 des leurs en quelques années ! Plus que la guerre en Irak, en Afghanistan réunis, même s'il est immoral et indécent de faire dans la comptabilité macabre ! Les Algériens sont fatigués d'être traités comme des pestiférés ; ils en ont assez des hypocrisies de certaines puissances occidentales qui font dans la diplomatie sélective et dans le traitement mercantile des amitiés et des solidarités ! Ils en ont assez du mépris et du regard scandaleux des médias et libres penseurs des démocraties occidentales ; et sont fatigués de crier leur amour de la vie et de la liberté ! Taxés de terroristes ou de son soutien, ils continueront leur combat, s'il le faut seuls puisqu'ils en ont l'habitude, pour se faire une place au soleil. Sans haine aucune. |
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