«La Cité Petit», quartier situé au sud-est d'Oran, se retrouve hélas l'un
des quartiers de la ville le plus négligé, ou du moins le plus
«laissé-pour-compte». A faire un bref petit tour dans ce quartier populeux, où
toutes sortes d'habitations au fronton inachevé longent un boulevard long de
presque un kilomètre, on remarque cet état de fait. En fait, il ne s'agit pas
là d'un quartier isolé du reste de la ville, puisque deux moyens de transport
le desservent quotidiennement (à savoir la ligne «B» et le «4G»); en revanche,
là où le problème se pose, c'est dans le fait qu'il soit un quartier déshérité
malgré la densité de sa population. En témoignent pour cela l'état piteux de sa
voirie, les innombrables nids-de-poule qu'on peut y compter dans ses rues et
ruelles, et les nombreux réverbères aux ampoules brisées. Toutefois, il faut
noter qu'au début de la semaine passée, les autorités locales ont dépêché sur
place de gros engins afin de décaper la voirie endommagée, et cela en vue,
faut-il le croire, de remettre à neuf l'état des routes de ce quartier
populaire. « Faut dire qu'il était temps, nous dit un des habitants, ici on
commençait à être désabusé, on avait la nette impression d'avoir été les
oubliés de la ville. Du fait que notre quartier ne soit pas assez commerçant,
on nous néglige ». Pendant longtemps, en effet, les habitants de « Petit » ont
eu l'amère impression d'être des laissés-pour-compte. « On ne demande pas la
lune, pourtant, nous dit un autre, juste un peu de bitume et de la lumière. On
est à Oran quand même, capitale de l'Ouest et deuxième ville d'Algérie, et non
dans un petit douar perdu au milieu du désert ».
Certains, ironiques, font une
approche de l'état de leur quartier avec le grand engouement des travaux lancés
ici et là au centre-ville, et cela en vue du sommet qui se tiendra à El Bahia
le mois d'avril prochain. « Bien sûr, ici, les gars du LNG 16 ne vont point se
pointer, alors forcément notre quartier ne suscite aucun intérêt pour qu'il
soit réhabilité, nous a dit, ironiquement, un autre habitant». Etant doté d'un
grand boulevard, où le bitume est plus ou moins entretenu, là où le «
laisser-aller » de cette cité se fait palpable est bien sûr dans toutes les
ruelles le longeant. Si on ajoute à cela le nombre considérable de toutes
sortes de maisons de maître appartenant à des particuliers, aux façades «
inachevées », cela donne un goût d'inachevé au quartier. « En fait, nous dit un
autre, là est le lot de toutes celles et ceux qui habitent les quartiers
populeux, notre situation n'est pas plus scabreuse que celle d'une autre cité,
ce qu'il y a, c'est que le temps est venu de penser à réhabiliter vraiment les
quartiers populaires ; pour propulser Oran au rang d'une vraie ville
méditerranéenne, il nous suffit de se contenter d'arranger seulement le
centre-ville et les beaux quartiers, il faut que toute la ville profite de cet
engouement ». Tout de même, il faut reconnaître que d'une façon générale, les
gens habitant « Petit » sont heureux que le commencement des travaux de la réhabilitation
de la voirie ait enfin eu lieu ; ils espèrent toutefois que ces travaux ne vont
point se réduire au seul rafistolage de la voirie endommagée, mais qu'au
contraire, les routes et ruelles seront remises à neuf, et les réverbères
détériorés remplacés. « On sortira alors de ce laisser-aller, et ce sera le
début d'une nouvelle ère pour notre chère cité, du moins, c'est ce qu'on espère
! », conclut un habitant du quartier.