|
![]() ![]() ![]() ![]() Etre
taxi de nos jours n'est pas un métier de tout repos. Non seulement les
véhicules sont chers et les pièces détachées coûtent les yeux de la tête mais,
de plus, il ne fait pas bon rouler dans notre ville qui ressemble à s'y
méprendre à une cité qui vient de subir un «blitz». Les rues sont dans un état
à faire pleurer, quant au reste...
Farouk est un vieux taxi, il a roulé dans le même tacot pendant plus de vingt ans. Il l'avait hérité de son père qui était également taxi pendant plus de 30 ans, en fait depuis les années 50. Il faut dire qu'ils n'étaient qu'une poignée d'Algériens à faire ce métier du temps de la colonisation et ils cravachaient dur pour se faire une place au milieu des colons. Bref, depuis, le vieux tacot du papa est allé rejoindre le cimetière des vieux taxis. Farouk, avec l'avènement du crédit-véhicule, s'est offert la bagnole de ses rêves, comptant ainsi améliorer son ordinaire en faisant plus de courses, tout en se faisant plaisir et profiter de la suspension hydraulique, à cause de ses rhumatismes qui le font tant souffrir. Mal lui en prit et il regretta amèrement la vieille boîte à conserve paternelle, qui ne craignait ni les routes défoncées, ni les fourgons de «lma hlou». Et en plus, comble de malchance pour Farouk, tous les travaux qui étaient en retard ont été lancés au même moment, créant une pagaille indescriptible: des routes coupées à la circulation, des déviations inimaginables, qui toutes donnaient que sur les artères les plus défoncées qui puissent exister. Hier, il décida de changer de ligne et de travailler dans le transport inter-wilaya. Pourquoi ? La veille, il avait passé sa journée de travail dans de véritables slaloms contre les nids-de-poule, choisissant les moins profonds, les moins difficiles à passer, se battant contre les chauffards de tous bords, les «m'as-tu-vu» qui ne font que rouler en voiture, pour frimer, même si leur travail n'est qu'à 100 mètres de chez eux. Et en plus de cela, il devait éviter les chutes des balcons, eh oui !, les balcons et les corniches des immeubles du centre-ville qui tombent en ruine. Après une journée harassante et, par miracle, sans le moindre accident, ni anicroche, il gara sa voiture devant chez lui. Mais avant d'en descendre, il entendit un bruit assourdissant et un choc violent contre le toit de sa voiture. Il descendit et il vit son malheur: son propre balcon s'était effondré sur sa voiture chérie... |
|