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Virus d'ici et d'ailleurs

par Yazid Alilat

Les virus ont la vie belle par les temps qui courent. Il y avait le virus de la grippe aviaire, il y a toujours la grippe saisonnière, et maintenant celui de la grippe porcine. Y a pas à dire, côté virus, on est gâtés. Même le virus du football a achevé de conquérir les Algériens, autant les Algériens d'en bas, ceux des quartiers populaires et des villages, même les plus reculés, que les politiques qui ont chevauché allègrement cette nouvelle pandémie, l'équipe nationale de football. Il y a aussi le virus des marchés qui font mourir à petit feu les Algériens, ceux qui font bouillir difficilement leur marmite, même si le SMIG a été revu à la hausse.

 Ce virus-là, celui de l'obligation d'aller acheter sa nourriture, est le plus dangereux socialement, car il peut provoquer, si les taux du coût de la vie restent élevés, des dérapages sociaux graves. Et puis il y a ce virus de ces derniers jours, qui nous viendrait, selon l'histoire de... 1932, et plus précisément d'Espagne. Car la grippe porcine, ce n'est ni plus ni moins la grippe espagnole, apparue dans les années 30 sur le sillage de la Guerre civile. Des milliers de personnes étaient alors mortes de cette pandémie. La grippe porcine est la dernière des menaces qui hantent les Algériens, car ils savent pertinemment que la prise en charge peut s'avérer très hypothétique, pour ne pas dire limitée.

 Depuis maintenant plus d'une semaine, le vaccin est là, mais n'a pas encore été mis à la disposition des hôpitaux pour une vaccination massive des malades ou pour la prévention. Pourquoi ? On n'en sait rien, sauf que les gens commencent à s'inquiéter et à avoir peur : et si une pandémie frappe l'Algérie, quelle serait la réaction des autorités - qui, pour le moment, assistent sans trop se préoccuper de ce qui se passera demain dans le pays - au cas où des milliers de cas sont avérés ? Ce n'est pas le cas, fort heureusement, mais il n'est jamais trop tard pour alerter sur la dangerosité de la situation.

 En fait, c'est ce virus, celui du laisser-aller, qui grippe fortement le pays depuis des dizaines d'années, et qui, en fait, est à l'origine de milliers d'autres virus qui ont retardé prodigieusement le développement du pays : il y a ainsi un tas de virus qui circulent librement dans notre beau pays, des virus qui nous empêchent de voir plus clair dans notre situation.