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L'affaire défraye la chronique financière européenne
: les services fiscaux français ont récupéré, grâce à un informaticien
dissident, des fichiers informatiques extrêmement révélateurs et cela tourne à
la crise diplomatique helvéto-française.
Les fichiers contiennent de précieuses informations sur les avoirs - non déclarés aux impôts français - de centaines de clients de la succursale genevoise de la banque anglaise HSBC. La presse française s'est focalisée, bien entendu, sur les trois mille français d'une liste de cent trente mille noms de toutes nationalités. Selon les rumeurs dans les milieux bancaires, des noms algériens figurent aussi dans cette liste exfiltrée à la barbe du secret suisse. Le service de gestion de fortunes de HSBC Genève est très international, bénéficiant d'une flatteuse réputation auprès de tous les heureux détenteurs de capitaux soucieux d'éviter une fâcheuse publicité. Cette banque figure en effet parmi les adresses genevoises que s'échangent les mafias du nord et du sud de la planète. Car, malgré les classements de Transparency International, la Suisse aseptisée et islamophobe n'est pas seulement un paradis fiscal, c'est un centre mondial de recyclage de capitaux mafieux et de dépôt d'argent sale. Autrement dit, il ne s'agit pas seulement pour la très prude Suisse de protéger des individus qui fraudent les services fiscaux de leurs pays, mais également d'accueillir à bras ouverts l'argent de l'extorsion, de la drogue, de la prostitution, de la corruption et de toutes les malversations imaginables. Ne jetons pas la pierre au pays du chocolat et de l'horlogerie tape-à-l'oeil. D'autres européens, Autriche et Liechtenstein notamment, lui disputent les mêmes peu recommandables clientèles. Comble de l'ironie, ce sont les autorités françaises, qui ont recouvré pas mal de recettes fiscales grâce à un informaticien rebelle, qui se voient accusées par les Suisses, du haut de leur proverbiale probité, de travailler sur des documents volés. Il est vrai que l'administration fiscale française ne s'est pas privée d'exploiter les informations figurant dans les documents subtilisés. Pour éviter un inutile empoisonnement diplomatique, la France a rendu les fichiers aux Suisses, très propres sur eux et très moraux, tout en conservant l'ensemble des données qu'ils contenaient. A l'heure de l'informatique, le secret bancaire n'est plus ce qu'il était. Seules les fortunes qui ont pignon sur rue, dans ces milieux où l'honorabilité s'acquiert avec l'ancienneté, peuvent prétendre non pas aux mastodontes financiers comme HSBC, mais aux banques privées de première classe. Celles qui se préoccupent de recruter des personnels fiables et non pas des mercenaires du progiciel capables de faire défection et de vendre les secrets de la maison au plus offrant. La défense de la banque anglo-hongkongaise, par la voix de son directeur général, est plutôt faible : la liste de détenteurs de comptes serait incomplète, tronquée, obsolète, etc. Il n'empêche que les données font le bonheur des enquêteurs européens. Quant aux « épargnants » arabes pris dans ce coup de filet informatique, ils sont peut-être à la recherche de paradis plus sûrs... Ils pourront toujours regarder du côté de Dubaï pour blanchir leur argent à l'abri des regards indiscrets, avec certainement moins de savoir-faire, mais où ils pourront bénéficier de l'ombre rédemptrice et autorisée des minarets... |
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