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La ville commente le GNL 16: Le «wait and see» des Oranais

par Moncef Wafi

Prévue du 18 au 23 avril prochain, la 16ème conférence internationale du gaz (GNL 16) frappe déjà aux portes de la ville. Oran devra en effet recevoir plus de 6.500 participants à ce rendez-vous international du gaz, un challenge pour une ville qui sera la deuxième après Alger, en 1974, à abriter un événement de cette envergure, mais qui donne la désagréable impression d'être rattrapée par le temps.

 Malgré toutes les promesses des responsables locaux ou nationaux quant au respect des délais, le challenge de changer de statut à une ville

 «douarisée» par des années de laisser-aller n'est pas pour autant gagné et les réalisations entreprises au nom du GNL 16, estampillées Sonatrach, ne semblent pas faire l'unanimité chez les Oranais. Pourtant, et pour être au rendez-vous, l'Etat n'a pas lésiné sur les enveloppes et ce sont des centaines de millions d'euros qui ont été dépensés dans différents projets entre la réalisation du Centre des Conventions qui aura coûté 400 millions d'euros, la double trémie avec 800 millions de dinars, l'extension de l'aéroport et ses 9 millions d'euros et l'aménagement du port d'Oran à plus de 500 millions de dinars. Une facture que d'aucuns trouvent « déplacée», alors que le monde est toujours empêtré dans une crise financière sans précédent. Du GNL 16, le commun des Oranais ne garde que l'image d'un gigantesque chantier qui a défiguré la cité Akid Lotfi, bouchant l'horizon à des centaines de familles qui avaient le privilège d'un panorama sur mer. Sinon que garder de cet événement si ce n'est l'implication de Sonatrach, loin d'être désintéressée, dans l'amélioration de l'image de la ville sur ce qui est convenu de qualifier d'itinéraire des délégations étrangères. Ainsi sont remis en cause les efforts de la compagnie pétrolière nationale dans l'aménagement de 12 ronds-points et la création d'espaces verts par le scepticisme d'une population qui estime qu'Oran n'est pas simplement l'image qu'on veut donner d'elle aux étrangers. « C'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce qu'on va gagner, nous, dans ces milliards dépensés. Une double trémie, quelques espaces verts, mais ce n'est pas ça qui va arranger notre cadre de vie», se désole Abdelkader, enseignant de son état. Pour Salah, fonctionnaire, «l'intérêt de telle manifestation c'est de promouvoir l'image de la ville à des fins touristiques pour booster l'économie locale mais l'exemple de la tenue de la réunion de l'Opep ne nous incite guère à un regain d'optimisme». Pour lui et pour beaucoup d'autres, le plus important aurait été d'investir ces sommes faramineuses à des projets d'utilité publique, à la construction de logements et à la réfection du réseau routier sans cesse décrié. «Au lieu de gaspiller tout cet argent, pourquoi ils ne réhabilitent pas El Barki et les autres quartiers qu'on ne fait jamais visiter aux invités d'Oran ?», s'interroge Slimane, salarié d'une entreprise privée. En attendant, Oran adopte la position du «wait and see» pour voir venir et espérer récolter les dividendes d'une manifestation qui ne les regarde ni de près ni de loin.