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Les ministres de l'OPEP vont opter pour le statu quo «Tout le monde est content !»

par M. Saâdoune

La réunion ministérielle de l'OPEP se tient aujourd'hui en Angola. Les ministres ne devraient pas toucher à l'offre de pétrole. C'est le consensus. Le seul sujet litigieux est l'absence de discipline dans le respect des quotas de production. Une affaire interne...

« Il n'y aura pas de modification de l'offre de pétrole brut de l'OPEP. L'OPEP ne réduira pas l'offre et n'augmentera pas l'offre». Avant de se rendre à Luanda pour la réunion ministérielle de l'OPEP qui se tient aujourd'hui, le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, a indiqué que le statu quo sera de mise en matière de production. La réunion d'aujourd'hui n'est un événement que pour le pays d'accueil, l'Angola, devenu premier producteur pétrolier africain, avant le Nigeria. L'Angola qui a vécu une longue guerre civile de 27 ans marque déjà son retour sur la scène internationale en attendant d'accueillir la Coupe d'Afrique des Nations, au début de l'année 2010.

 Hormis cet aspect national angolais, la session ministérielle d'aujourd'hui n'entrera pas, sauf surprise pour le moment improbable, dans les annales de l'organisation. Ce n'est jamais un non-événement quand les membres de l'organisation se rencontrent, mais ce n'est pas un grand événement. La cause ? Il n'existe pas de grands problèmes pour les producteurs de pétrole. Les prix sont satisfaisants avec un baril qui tourne autour de 75 dollars et on essaye de ne pas trop pousser à la hausse pour ne pas être accusé d'entraver l'amorce de reprise de l'activité économique mondiale.

 «Le prix actuel est voulu par tous. Nous ne sommes pas les seuls à le vouloir. (...) Le prix de 75 à 80 dollars est voulu par tous», a indiqué le secrétaire général de l'OPEP, le libyen Abdallah el Badri. On est effectivement fort loin de la plongée du baril à moins de 30 dollars en décembre 2008 et qui avait poussé l'OPEP à décider de réduire sa production de 4,2 millions de barils par jour. Le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, a indiqué qu'un «prix entre 70 et 80 dollars serait raisonnable pour les producteurs» car il permettra de maintenir les investissements pétroliers sans pour autant affecter l'économie mondiale.         

 «Une meilleure discipline»

 «Tout le monde est content», a clamé, Ali Al-Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole. Et quand le plus grand producteur décrète que la satisfaction est générale, il ne faut guère s'attendre à ce que le plafond de production de 24,84 millions de barils (mbj), fixé depuis le 1er janvier 2009, soit bousculé. Bref, dans ce domaine, il sera plutôt question de demander aux membres de l'organisation de respecter de manière plus stricte leurs quotas de production. C'est que le niveau de production actuel de l'OPEP a dépassé le plafond officiel. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la production des 11 pays de l'OPEP (l'Irak étant hors quotas) a été de 26,8 mbj en décembre, soit un dépassement de 1,8 mbj. Si l'on prend en compte la production de l'Irak, la production totale de l'OPEP a atteint 29,1 mbj en décembre, le niveau le plus élevé au cours de l'année 2009. On comprend que le secrétaire général de l'OPEP, le libyen Abdallah el Badri, en fasse sa priorité: «Je vais demander aux ministres de mieux respecter (leurs quotas), j'aimerais une meilleure discipline».

 L'excédent de production mis sur le marché équivaut au quota annuel de la Libye, un niveau suffisamment important pour rendre peu réaliste une quelconque demande de baisse de la production. «Si vous regardez les prix (ils sont) très confortables, mais si vous regardez l'offre et la demande, surtout les stocks (...), ils sont un peu élevés», a affirmé M. Badri en indiquant que l'OPEP devait «les ramener à des niveaux raisonnables». En définitive, le seul sujet qui fâche est celui du respect des quotas de production. Les ministres auront sans doute quelques explications en aparté sur les «indisciplinés» du groupe.