Quand les membres du tribunal criminel revinrent
dans la salle, un silence de mort pesa sur l'assistance. Et la mort était
présente depuis la date fatidique du 26 juillet 2007, quand la nouvelle se
répandit comme une traînée de poudre dans la paisible ville d'El-Affroun : une
jeune femme et son fils de 11 ans ont été étranglés dans leur demeure. «Le
tribunal vous reconnait coupable du double assassinat perpétré contre la
dénommée Aïcha S. et son fils âgé de 11 ans et vous condamne à la peine
capitale». L'accusé accusa le coup sans paraître réaliser ce que le président a
dit et rien n'apparut sur son voisinage. Les parents des victimes eurent l'air
soulagé, même si la tristesse n'avait pas encore quitté leurs yeux et leurs dos
voûtés démontraient la grande peine dans laquelle ils se trouvaient. Quelques
instants auparavant les personnes présentés dans la salle écoutaient avec
effarement l'histoire de ce jeune homme qui les regardait crânement et qui
reconnaissait froidement avoir étranglé avec ses mains une femme et son fils.
Les faits remontant au 26 juillet 2007 quand la police de Hadjout, dans la
wilaya de Tipaza, reçut un appel téléphonique faisant état de la découverte
d'une femme étranglée dans son appartement. Et c'est la soeur de la victime qui
donna l'alerte en premier et apprit la terrible nouvelle à sa mère : sa soeur
Aïcha et son fils ont été découverts dans leur domicile étranglés. Aussitôt
après, les policiers se rendirent sur les lieux, et, au cours de la fouille de
la maison, ils découvrirent le cadavre d'un enfant, âgé de 11 ans, caché dans
une bonbonne en plastique. L'enquête démarrée sur le champ, et, d'après les
témoignages recueillis, les policiers arrivèrent quelques jours après au
dénommé S.S. ami de la victime, demeurant à Ben Khélil, dans la daïra d'Oued
El-Alleug (Blida), mais comme il avait donné une fausse identité à son amie et
à sa famille, il fallut quelque temps aux enquêteurs pour remonter jusqu'à lui
grâce à des photos. Lors de son arrestation, S.S. avait des traces de griffures
au-dessous de la lèvre inférieure ainsi qu'au niveau de l'épaule et jusqu'à son
coude gauche. Le suspect ne put donner de raisons plausibles à cela, puis
reconnut la mère et la soeur de la victime, il ne put faire face aux preuves
qui s'accumulaient contre lui. Il ne put donc que reconnaître son forfait et
déclara qu'il avait connu S.A. à El-Affroun il y a environ une année et qu'ils
avaient sympathisé juste après. Apprenant qu'elle était divorcée et qu'elle
avait un enfant, il se rendit plusieurs fois chez elle à Hadjout. Ils eurent
des relations «contre des sommes qu'elle me demandait», a-t-il tenu à préciser.
S'attachant de plus en plus à elle, il lui proposa le mariage, ce qu'elle finit
par accepter. Il lui remit aussitôt la somme de 8 millions de centimes comme
dot et lui interdit de sortir avec d'autres hommes. Tout allait très bien entre
eux jusqu'au début du mois de juillet 2007 quand elle ne voulut plus lui
répondre au téléphone. Il l'appela alors d'un taxiphone et elle répondit, ne
sachant à qui elle avait affaire. Quand elle le reconnut elle lui demande de ne
plus l'importuner car elle était avec un autre homme. Le sang de S.S. ne fit
qu'un tour et il la menaça en lui disant : «tu le regrettera». La femme donna
le téléphone à un homme qui était avec elle et qui lui demanda de ne plus
l'importuner, le traitant de tous les noms. Le sang sang de S.S ne fit qu'un
tour et il se jura de se venger. Après cela, il se dirigea vers le domicile de
celle «qui lui avait promis d'être sa femme mais il ne trouva que l'enfant.
Quand il lui demanda où était sa mère, le garçon lui répondit qu'elle avait
passé la nuit avec un homme qu'il ne connaissait pas et qu'ils étaient sortis
ensemble depuis le matin. Il essaya d'éloigner l'enfant mais celui-ci revenait
à chaque fois et il se décida à se débarrasser de lui. Et c'est ainsi que dès
que le petit garçon remit les pieds dans la maison, S.S., le roua de coups
avant de l'étrangler. Il cacha ensuite le corps sans vie dans une bonbonne en
plastique pour que la mère, à son retour, ne se doute de rien. Il s'assit
ensuite dans la chambre et l'attendit jusqu'à 18h, moment où elle rentra. Il se
rua sur elle, la fit tomber et l'étrangla avec ses mains nues. Puis, pour
s'assurer de sa mort, il l'étrangla de nouveau avec son foulard et la laissa
ainsi. Au cours de l'audience, l'accusé essaya tour à tour de faire passer la
thèse de la provocation puis celle de la colère. La défense abonda aussi dans
le même sens, tentant de minimiser les actes de son mandat, mais sans y
parvenir. Quant au représentant du ministère public, il demanda, au terme d'un
réquisitoire très dur, la peine capitale contre l'accusé. Et c'est ainsi que
les jurés et le président le suivirent dans sa demande et le condamnèrent à la
peine capitale.