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Sétif: Le casse-tête des bidonvilles

par Z . S. Loutari

La ville de Sétif, notamment dans les zones d'extensions tel Bouadja à Aïn Trik, Chouf Lekded, Fermatou..., subit depuis plusieurs années un accroissement d'habitat insalubre multiforme. Ce phénomène, dû aux effets conjugués de la poussée démographique et de l'exode rural, s'est accompagné de mutations socio-économiques et culturelles profondes, imposant des changements radicaux dans l'organisation des agglomérations. Cela s'est traduit par le développement de noyaux d'habitat non réglementaires, construits sans plan d'ensemble, dépourvus de toute infrastructure de base et de tout équipement socioculturel. Aujourd'hui, les drames nés des dernières inondations ayant touché la ville et plusieurs daïrate de la wilaya de Sétif donnent à réfléchir sur l'importance des dangers de la construction anarchique et de la prolifération de l'habitat non réglementaire. Plus de 1.200 familles, soit 4.800 citoyens, souffrent de l'habitat insalubre. De même, une famille sur cinq en milieu urbain vit dans une situation similaire. Quelque 1.000 ménages vivent dans des bidonvilles à Sétif. Cette situation a entraîné une détérioration du tissu urbain et porté préjudice à l'harmonie du bâti et à l'esthétique urbaine des villes de la wilaya de Sétif. Plusieurs quartiers dans les villes d'El-Eulma, Aïn El-Kebira, Amouchas, Aïn Oulmène, illustrent la question. C'est pourquoi, les autorités locales ont été appelées à revoir l'ensemble des méthodes et moyens de production de l'habitat, à combattre les constructions clandestines et de restructurer le tissu urbain. Dans ce sens, M. Abbaoui Karim, sénateur et chercheur, vient d'achever une analyse sur le système d'habitat, ses mécanismes et la concrétisation des programmes mis en branle par l'Etat. Il explique que le gouvernement oeuvre à atteindre un taux de réalisation égale à 2 fois ce qui a été réalisé durant 42 années. Pour y arriver, le programme «villes sans bidonvilles» vise à améliorer les conditions d'habitat de 106.500 ménages, dont 1.000 résidant dans des bidonvilles. Ce programme, qui bénéficiera à plusieurs centaines voir milliers ménages, vise à l'horizon 2010 la résorption de l'ensemble des bidonvilles en milieu urbain (1.000 bidonvilles), répartis dans l'ensemble des villes dont 15 concentrent près de 70 % de la population habitant des bidonvilles. Une enveloppe conséquente émanant de subventions de l'Etat a été réservée à la réalisation de ce projet. Dans cette optique, une stratégie est mise à réflexion et qui sera déclarée «ville sans bidonvilles» à l'horizon 2007. S'étalant sur 4 ans, il sera procédé à la réalisation d'un important programme intégré, portant sur plusieurs centaines d'unités. Ces unités concernent 7.011 lots destinés à l'habitat économique, plusieurs lots pour la mise en place d'équipements socio-économiques, 60 lots de terrain réservés au secteur privé pour la promotion de l'habitat social. D'autres actions similaires sont en cours de finalisation avec les partenaires locaux. Sétif compte 37 groupements des bidonvilles abritant des centaines de logements. En dépit de tous ces efforts consentis par les différents intervenants dans le domaine de l'habitat, la situation reste préoccupante, d'autant plus que des milliers de personnes vivent encore dans des lieux qui ne disposent d'aucune infrastructure nécessaire. Pauvreté, manque d'hygiène, maladies, analphabétisme, insécurité et délinquance se mêlent pour former un quotidien de vie amer.