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Un vent de panique souffle parmi les malades atteints de tuberculose à
Oran. La raison: plusieurs unités de contrôle de la tuberculose et des maladies
respiratoires (UCTMR) relevant des établissement publics de santé de proximité
(EPSP) de la wilaya sont, depuis plusieurs jours, à sec de médicaments (RH). Le
médicament en question est une bithérapie (isoniazide et rifampicine), que les
malades prennent pour le traitement de soutien qui dure quatre mois.
Selon des sources médicales, il s'agit d'une rupture au niveau de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH). L'EPSP Front de mer, l'un des premiers établissements à avoir été frappé par la rupture, a déjà adressé deux bons de commandes à la PCH, un au mois d'octobre et le deuxième au mois de novembre. Les deux bons n'ont, à ce jour, pas été honorés, selon les responsables. Contactée à ce sujet, la direction de la PCH a indiqué qu'il s'agissait en effet d'une rupture «nationale» du traitement «RH», même si, a-t-on souligné, des produits de substitution (combinaison de molécules) sont actuellement disponibles au niveau de la PCH. Pour sa part, la direction de la Santé et de la population, par la voix de son chef de service prévention, a indiqué que «le ministère a été informé de cette rupture» et que «les EPSP disposant de quantités supplémentaires du traitement sont appelés à dépanner ceux qui n'en ont plus,» en attendant de trouver une solution. Mais, à l'heure actuelle, les malades de plusieurs UCTMR, faute de médicaments, sont orientés vers le service de pneumologie du CHU d'Oran. Sur place, on accepte bien pour le moment de les dépanner en traitement RH mais pas pour plus «d'une semaine de traitement», car la priorité est donnée aux malades du service, les cas dits résistants, beaucoup plus graves. Développer des résistances, c'est justement ce que risquent les malades en cas d'interruption brutale du traitement. Car, pour une tuberculose pulmonaire à bacille de Koch sensible chez un patient immunocompétent, le traitement est d'une durée de six mois dont 2 mois de traitement d'attaque, une quadrithérapie antibiotique (isoniazide + rifampicine + pirilène + ethambutol) puis 4 mois de bithérapie (isoniazide et rifampicine). Ce traitement prolongé est indispensable afin de guérir la maladie et éviter l'émergence de souches résistantes dont l'évolution est souvent beaucoup plus grave. Comme le soulignent les médecins, la résistance est due à des traitements insuffisants en doses ou en durée. Elle pose des problèmes importants car la tuberculose est beaucoup plus délicate à soigner, surtout en cas de résistances à plusieurs anti-tuberculeux (multi-résistance). Dans le pire des cas, elle est dite étendue lorsqu'elle concerne des antibiotiques de première intention (isionazide, rifampicine) et un ou plusieurs antibiotiques de seconde intention. En effet, durant la période 2000 à 2008, plus de 120 cas tuberculose à bacille multi-résistants ont été admis au service de pneumo-phtisiologie du CHU d'Oran, dont une quarantaine de cas venus de la wilaya de Mostaganem et une trentaine de cas d'Oran. Selon les spécialistes «la tuberculose à bacille résistant est l'oeuvre de l'homme, elle reflète une défaillance quelque part dans la prise en charge du malade. Un tuberculeux normal peut devenir tuberculeux résistant si l'association des antibiotiques n'est pas prise en compte dans le traitement, et si le traitement n'est pas pris convenablement, chose qui peut entraîner le décès du patient ». En 2008, cinq personnes atteintes de la tuberculose sont mortes au niveau du CHUO, dont trois détenus et un jeune originaire de Aïn El-Beïda. « Ces tuberculeux résistants nécessitent un traitement de troisième ligne qui dure 21 mois, coûteux (160.000 DA) et pas très efficace, tandis qu'un traitement de tuberculose normale ne dépasse pas les 2.100 DA », ajoutent les praticiens. En 2008, quelque 1.500 cas de tuberculose ont été recensés à Oran (dont 784 cas durant le 1er semestre), contre 1.549 cas en 2007. En 2007, où il a été enregistré 1.070 cas de tuberculose pulmonaire avec une incidence de 98 pour 100 000 Habitants à Oran, alors qu'à l'échelle nationale elle est de 61 pour 100.000 habitants. En 2006, 1.040 cas de tuberculose pulmonaires et sept décès ont été enregistrés à Oran. Notons qu'au niveau national 20.000 à 25.000 cas de tuberculose dont 15.000 non pulmonaires sont recensés chaque année. |
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