|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le suspense continue à propos de la construction de la future centrale nucléaire des Emirats Arabes Unis (EAU). Alors que la décision sur le choix du groupement qui prendra en charge ce projet était attendue en septembre dernier, il semble qu’elle pourrait intervenir dans les prochains jours, voire avant la fin du mois de janvier prochain. Pour mémoire, le contrat en jeu est d’un montant de 40 milliards de dollars et oppose trois concurrents majeurs : une co-entreprise américano-japonaise formée par General Electric et Hitachi ; un consortium mené par le groupe coréen Korea Electric Power, soutenu par Samsung, Hyundai et Westinghouse, qui est devenue la filiale américaine de Toshiba ; quant au 3e concurrent, il s’agit d’un consortium français composé d’Areva, GDF Suez, Total et EDF. Selon les rumeurs qui circulent à Abou Dhabi, le consortium coréen tiendrait la corde, ce qui aurait obligé les autorités françaises à exercer d’urgence un important forcing pour remettre Areva dans la course. Un engagement pacifique et un précédent Mais avant de faire leur choix, les autorités des EAU ont tenu à baliser ce dossier et ont respecté les engagements qu’ils avaient pris à l’annonce de ce projet. Depuis le début de la semaine, la Fédération des sept émirats possède en effet une loi sur «les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire». Publiée par décret, elle exclut tout type d’enrichissement de l’uranium sur le sol national. De fait, dans le schéma de fonctionnement de la future centrale, l’uranium enrichi sera importé de l’étranger, ce qui lèvera tout doute sur un possible double emploi, civil mais aussi militaire, des structures nucléaires du pays. Cet engagement pacifique des EAU tranche bien entendu avec le cas iranien, qui considère que l’enrichissement de l’uranium est un acte de souveraineté. Position qui lui vaut ses déboires actuels avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et une grande partie de la communauté internationale. Mieux, pour leurs principaux alliés, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, les Emirats Arabes Unis vont faire office de modèle à mettre en valeur. Tout pays qui aurait pour ambition de se doter de l’énergie nucléaire sera ainsi encouragé à suivre l’exemple des EAU et à renoncer à l’enrichissement de l’uranium. Cela pose bien entendu la question de la maîtrise du cycle de fonctionnement des futures centrales. Accepter d’importer l’uranium enrichi, c’est aussi dépendre du bon vouloir des fournisseurs et prendre le risque de faire l’objet d’un embargo possible au cas où les puissants de ce monde le décideraient. C’est d’ailleurs ce que met l’Iran en avant pour défendre sa stratégie. Pour autant, les Emirats Arabes Unis insistent sur le fait que leur choix va obliger les pays fournisseurs à mettre en place des mécanismes juridiques impliquant la continuité dans la fourniture de combustible enrichi. Le Maghreb attentif Bien avancé sur le plan législatif - une autorité de sûreté indépendante a aussi été créée, avec à sa tête l’Américain William Travers, un ancien membre de la commission américaine de régulation nucléaire (NRC)-le dossier du nucléaire des Emirats Arabes Unis mérite d’être suivi de près au Maghreb. En effet, à des degrés différents, Algérie, Tunisie et Maroc sont engagés dans des projets liés au nucléaire civil. Pour eux, et même si l’expérience algérienne est bien plus conséquente que celle des EAU, la manière dont va être finalisé ce dossier sera riche d’enseignements. Il sera par exemple intéressant de comprendre quels ont été les facteurs qui ont pesé dans le choix de tel ou tel consortium. Et sur les motifs qui ont contribué à exclure les autres concurrents... |
|