|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
En acceptant d'engager la négociation avec les syndicats
autonomes de l'Education nationale, décision qui a mis un terme à la grève
ayant paralysé pendant trois semaines l'ensemble des établissements scolaires
et menaçait de s'éterniser au détriment de l'année scolaire des élèves, les
pouvoirs publics ont opté, quoique tardivement, pour la bonne solution.
Mais ils ont du même coup créé un précédent dont ils ne peuvent plus refuser l'extension aux syndicats autonomes des autres secteurs, eux aussi en charge de revendications socioprofessionnelles dont leurs tutelles administratives respectives ont refusé jusqu'alors d'en discuter avec eux sous le prétexte de leur non-représentativité. Le premier à vouloir s'engouffrer dans la brèche ouverte par les syndicats d'enseignants est le SNAPAP, section personnel de la Santé publique. Celui-ci menace en effet de déclencher à son tour une grève de longue durée dans le secteur de la santé à compter du 18 décembre, au cas où le ministère de tutelle persisterait dans son blocage des dossiers litigieux, source du mécontentement social qui agite le personnel de la santé et points incontournables de la revendication syndicale. Les pouvoirs publics ayant admis le principe de la concertation et de la négociation avec les syndicats autonomes, pourquoi alors M. Barkat, ministre de la Santé publique, ne prendrait pas les devants pour éviter cette grève à son secteur et cela en faisant asseoir à la même table responsables et syndicalistes ? Pour le cas du secteur de la santé, une telle démarche s'impose, d'autant qu'une grève générale paralysante serait la plus mauvaise chose à advenir dans notre système sanitaire en cette période où la pandémie de la grippe A est en train de s'installer et de s'étendre dans le pays. Peut-être que malgré le précédent dont l'Education nationale a été le théâtre, le ministre de la Santé ne se pense pas autorisé à l'appliquer à son secteur sans instruction d'en haut-lieu. C'est en tout cas ce que les syndicalistes autonomes de la santé voient dans le comportement de la tutelle, qui consiste à «admettre la légitimité des revendications qu'exprime le SNAPAP», mais à ne prendre aucune mesure pour les régler. Ambiguïté et blocage qui poussent ce syndicat à durcir le ton en menaçant d'aller au bras de fer à travers une grève de longue durée. Ce qui pourrait effectivement se produire, car l'exemple des enseignants a incontestablement produit un effet motivant et galvanisateur au sein des autres corps de l'administration publique, et tout particulièrement le personnel de la santé qui, dans sa grande majorité, est soumis à des conditions de travail et de vie devenues insoutenables. De toute façon, l'enchaînement de mouvements de contestation sur le front social va être inévitable en l'absence d'une politique de l'Etat en la matière, dont ont été exclus de la définition les syndicats autonomes, pourtant autrement plus représentatifs que le «syndicat maison» qui est censé l'avoir été. |
|