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Les différentes évaluations des activités
productives des fermes d'Etat, appelées communément «fermes pilotes», ont
permis aux responsables du secteur au plus haut niveau de se rendre compte que
malgré les moyens injectés tant financiers que techniques, elles n'ont pas
donné les résultats escomptés. Loin s'en faut. Pas toutes, certes, mais bon
nombre d'entre elles, notent les analyses effectuées. A charge, on notera aussi
que la quasi-totalité de «ces exploitations particulières» ont été conçus comme
«pilotes» c'est-à-dire un moteur pour les autres exploitations agricoles, le
modèle, l'exemple à suivre.
Le constat a été fait, cette mission n'a pas été remplie. L'actuel ministre de l'Agriculture, il y a quelques années lors d'une visite qu'il a effectuée dans la wilaya de Aïn Defla, dans une de ces fermes pilotes, alors qu'il assumait les fonctions de ministre délégué à l'Agriculture, avait déjà mis le doigt sur ce constat d'échec. Interrogeant le responsable de cette ferme, il avait entendu répondre «nous produisons, nous sommes ferme pilote». Qu'est-ce que vous pilotez, quels projets avez-vous pilotés ?». Le gestionnaire n'a pu donner de réponse c'est alors que le ministre avait cité le cas d'une vraie ferme pilote gérée par un jeune dans l'est du pays qui avait mis en place un vrai département de recherche, qui s'adonnait à la vulgarisation du savoir-faire et avait initié des cycles de formation pour les exploitants agricoles de la région. Le ministre avait alors dit «vous, vous ne pilotez rien du tout !». La wilaya de Aïn Defla, une wilaya à haute vocation agricole, possède 6 de ces fermes pilotes qui détiennent ensemble 5.500 ha de terres les plus fertiles. Dans une récente directive du ministère de l'Agriculture, on appelle à la «redynamisation et une réhabilitation des fermes pilotes» dans le but de «promouvoir le patrimoine de l'Etat» par «une rationalisation des modes de gestion» par «l'implication et la participation du secteur privé national et/ou étranger». L'objectif, selon cette directive, est «l'utilisation maximale de toutes les potentialités du pays, du patrimoine quelle que soit sa nature juridique, relevant du ministère de l'Agriculture ou des holdings et des EURL». Selon le directeur des Services agricoles, il s'agit de la mise en place d'une nouvelle méthode de gestion avec le contrat de management, le partenariat économique (privé national ou étranger) avec convention entre les 2 parties, mode de gestion publique et la concession contractuelle pour des nationaux ou des étrangers. Dans ce cadre, 3 des 6 fermes pilotes de la wilaya de Aïn Defla sont proposées, indique-t-on auprès de la DSA, à l'ouverture au partenariat économique privé (algérien ou étranger). Les bénéfices seront réparties sur la base d'une convention. Pour les autres fermes, elles sont proposées au moyen de la concession, mais dans le cadre de l'intégration des programmes de certaines filières comme les «semences», «plants», et «géniteurs», précise-t-on. On notera que le patrimoine de l'Etat est très vaste. Car, de très nombreuses structures sont considérablement sous exploitées ou pas exploitées du tout, en train de connaître une dégradation avancée. Ce patrimoine devra connaître une réorientation. La loi 08/16, indique-t-on, a été promulguée. Il reste les modalités d'application. «L'objectif stratégique pour le pays étant l'autosuffisance alimentaire et ne sera atteint que si tous les moyens dont on dispose sont mobilisés et leur exploitation nationalisée, maximalisée», nous dit-on. «La sécurité alimentaire de tous l'exige», affirme-t-on encore. Par ailleurs, on explique que «cette réorientation» en changeant de cap aura pour effet le remembrement des terres qui ont connu un démembrement qui est devenu un handicap aux cultures extensives et à l'élevage notamment et ce par le biais de la création de «sociétés agricoles civiles». C'est d'une démarcation de la gestion dite socialiste des exploitations agricoles, gestion qui a montré ses limites. |
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