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L'adage de «la montagne qui accouche d'une souris» peut être demain mercredi
confirmé ou pas, avec la décision que prendra le bureau exécutif de l'instance
mondiale du football, la FIFA. Convoqué en session extraordinaire pour le 2
décembre dans la ville sud-africaine du Cap, le bureau exécutif de la FIFA doit
en effet examiner trois questions brûlantes: les paris dans les matchs truqués
notamment en Allemagne, «la main» de Henry qui a qualifié la France au Mondial
sud-africain et, surtout, l'agression des Egyptiens contre l'équipe nationale
algérienne. Trois dossiers dont le dernier concerne, aujourd'hui et un peu plus
de deux semaines après les faits qui ont été rapportés dans le détail à la
FIFA, tous les Algériens, jeunes, vieux, connaisseurs ou non de football.
Le sujet a, en fait, fini par concerner tous les Algériens: des petits bonshommes de joueurs de football agressés, le 12 novembre dernier, dès leur arrivée dans la capitale égyptienne. Un bus effroyablement détruit à coups de gros blocs de pierres, des joueurs algériens blessés, une peur panique qui s'empare des joueurs 48 heures avant un match de football qualificatif pour le Mondial sud-africain. La populace, de jeunes Egyptiens chauffés à blanc par des médias pas tout à fait fair-play et l'irréparable au bout: le match du 14 novembre se joue la peur au ventre côté algérien, alors que flotte dans l'air pollué du Caire cette lancinante sensation d'événements rapides et inattendus qui vont suivre ce match de tous les excès. De la peur et de la traîtrise. Vaincus, laminés par les clameurs des 70.000 spectateurs, les joueurs algériens ne quitteront le stade cairote que deux heures après le match, mais seront une seconde fois agressés, leur bus étant attaqué une nouvelle fois à coups de pierres. Dommage pour les Egyptiens, cette fois-ci le délégué à la sécurité de la FIFA, Walter Gagg, est monté dans le bus des Algériens. Le rapport sera encore plus «consistant» que le premier qui a été envoyé à Zurich après l'agression du jeudi 12 novembre. Entre Alger et Le Caire, le torchon brûle. Les événements se précipitent. Les Algériens, devenus accros subitement à tout ce qui se rapproche du football et encore plus de leur équipe nationale, sont mortifiés devant leurs petits écrans quand ils assistent en direct à une sauvage campagne médiatique contre les Algériens et leurs valeurs, leurs symboles les plus chers. Les choses tournent au mélodrame au Caire, que la victoire (2-0) permet d'entrevoir une possible qualification en match d'appui au Soudan, alors qu'à Alger, la colère gronde. La rue algérienne, et surtout ces dizaines de milliers de jeunes qui ne caressent que le doux rêve de partir en patera se faire voir ailleurs et n'importe où en Europe, se tournent soudain vers les contrées sèches de l'Afrique profonde. Les pouvoirs publics se mobilisent pour aider tous ceux qui le désirent d'aller à Oum Dourman voir le match d'appui et supporter les Verts. C'est le raz de marée. Un peu la réponse du berger à la bergère. Au Caire, on fulmine contre ces Algériens qui ont saisi la FIFA sur les tristes événements d'avant et d'après le match du Cairo Stadium. L'annonce d'une procédure disciplinaire contre l'Egypte par la FIFA ragaillardi le camps des Algériens, qui seront plus de 10.000 à aller au Soudan remplir de vert et blanc le stade d'El Merrikh. Entre-temps, la crise diplomatique couve: l'ambassadeur d'Egypte à Alger est appelé au siège du ministère des Affaires étrangères pour entendre les protestations officielles de l'Algérie après l'agression de l'équipe nationale et les supporters algériens. Les Egyptiens feront de même, un peu plus pour le cinéma. La crise diplomatique est là. Mais, roublards, les Egyptiens ne vont pas au bout de leur logique. Car entre-temps, les plus de 10.000 supporters algériens sont revenus à Alger et leurs villes respectives après une mémorable traversée aérienne dans les deux sens pour aller voir cette belle victoire des Verts contre les Pharaons, même collé en haut d'un pylône électrique du stade du club soudanais d'El Merrikh. La victoire a été totale. Mais, les choses ne sont pas restées là: les Algériens attendent maintenant la cerise sur le gâteau. Cette sanction si lourde qui condamnerait les Egyptiens à baisser pour toujours la tête devant les Algériens. Pour autant, les choses, côté FIFA, ne se présentent pas de cette manière, et aujourd'hui, dans cette lointaine ville du Cap, les Egyptiens risquent de passer par les mailles du filet. Car en fait de sanctions, ils pourraient simplement être tancés sévèrement, sans encourir dans l'immédiat de sanctions plus importantes. Car la procédure disciplinaire déclenchée par la FIFA contre l'Egypte pourrait prendre du temps, et donc ne sera pas annoncée, comme l'attendent les Algériens, aujourd'hui. D'autant qu'il n'est pas dans les habitudes de l'instance internationale du football de sanctionner une équipe autrement que par des pénalités ou des amendes. D'autant que le penchant (égyptien) de Blatter est flagrant dans cette affaire qui aurait dû connaître une autre tournure dès l'annonce de l'agression de l'équipe algérienne. Non, hormis la dénonciation des excès et de la violence, de grosses sanctions ne sont pas à prévoir contre l'Egypte, à moins que la FIFA ne déroge à ses sacro-saintes habitudes de protéger ses «protégés». Quant aux Egyptiens, ils ont perdu beaucoup plus qu'un match, et l'onde de choc de cette chute a déjà éclaboussé tout un pays. Est-ce là les premières grandes victoires de toutes les victimes du traquenard du Caire ? |
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