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Un cadre de dialogue social à repenser

par Kharroubi Habib

Le relèvement du SNMG,qui est, rappelons-le, un engagement du président de la République lors de la campagne électorale, sera entériné sans grand débat et surtout sans opposition par les participants à la tripartite, dont les travaux débutent ce matin à la résidence El-Mithak à Alger. D'ailleurs, le gouvernement n'a pas attendu cette rencontre pour statuer sur la question et, selon certaines sources, fixer la hauteur du relèvement puisqu'il a consacré un budget précis dans la loi de finances 2010 à cet effet.

 Cette façon d'agir de l'exécutif, consistant à mettre ses partenaires sociaux devant le fait accompli, n'est pas nouvelle et limitée à la seule détermination de la hauteur du relèvement du SNMG. L'UGTA et les organisations patronales, partenaires du gouvernement dans la tripartite, ont subi de façon récurrente cette conception plus que biaisée «du dialogue social» façon officielle.

 L'organisation syndicale, organiquement sous dépendance du pouvoir politique, avale sans rechigner les couleuvres. Le patronat a marqué ses réserves sur cette conception, notamment quand le gouvernement a pris sans le consulter les fameuses mesures controversées de la loi de finances complémentaire 2009. Mais sans aller au-delà de la condamnation de principe, comme par exemple se retirer d'une tripartie qui se résume finalement à entériner a posteriori des décisions arrêtées hors de son cadre.

 Pratiquement, l'ensemble des organisations patronales sera présent à cette 13e édition de la tripartite qui débute aujourd'hui. Avec la ferme intention, selon certains responsables de ces organisations, que sera mise sur la table la problématique de l'instauration d'une autre forme de dialogue social que celle imposée par l'Etat.

 En d'autres termes, le patronat revendique d'être consulté, associé même à la réflexion et à la prise de décision s'agissant de la sphère économique nationale. Jusqu'à une certaine limite, la revendication n'est pas sans légitimité, compte tenu de la place qu'occupe désormais le secteur privé dans l'économie nationale. Les syndicats autonomes expriment et défendent une revendication de même nature concernant le volet social de la politique gouvernementale.

 Dans son concept en vigueur, la tripartite n'est absolument pas le lieu indiqué où se réfléchit la politique économique et sociale dont le pays est en panne, d'où son incapacité à sortir des impasses dans lesquelles il se confine. Ce n'est certainement pas aussi le cadre en mesure de faire aboutir un pacte économique et social et son corollaire, la paix sociale pour le pays.

 Cet objectif ne peut être atteint et bénéficier du large accord consensuel des forces vives de la nation que dans un cadre plus ouvert à celles-ci et aux compétences concernées par les problèmes en débat. L'UGTA, les organisations patronales sont certes de droit des partenaires sociaux de l'Etat. Elles ne sont pas pour autant représentatives de l'ensemble qui fait la nation algérienne.

 Le pouvoir politique ne semble pas toutefois être convaincu que le défi économique et social auquel est confronté le pays impose la nécessité d'une stratégie d'action dont la définition ne peut se concevoir en «cercle fermé». D'où la manière autoritariste de régir la sphère économico-sociale et les aberrations qui en découlent souvent.