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On connaissait les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), fameux acronyme inventé à la fin des années 1990 par des analystes de Goldman Sachs pour désigner ces pays émergents à forte croissance. Il va falloir s’habituer à celui des PIGS soit Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (Spain en anglais). Si le premier sigle est élogieux, puisqu’il fait référence à une dynamique positive, le second fait écho à l’actuelle atmosphère délétère car il rassemble des pays européens malmenés par la crise financière. Des pays qui provoquent la méfiance des marchés dans une conjoncture assombrie par les récents déboires de l’émirat de Dubaï. Des signatures qui inquiètent De quoi s’agit-il exactement ? On le sait, chaque Etat peut émettre de la dette souveraine sous forme d’obligations afin, entre autres, d’équilibrer son budget. Crise oblige, tous les pays d’Europe ou presque sont obligés de recourir à cet endettement même si cela aggrave leur déficit. Les membres de la zone euro ne font pas exception et les obligations qu’ils émettent sont échangées quotidiennement sur les marchés financiers. Dans ces échanges ou bien encore lors de la première émission, il y a une référence quasi absolue en matière de sécurité et de solvabilité. Il s’agit de l’obligation à dix ans, ou Bund, émise par l’Allemagne. Toutes les autres dettes équivalentes souveraines en Europe sont comparées à cette obligation. L’écart de rendement, ou « spread » entre la référence allemande et l’autre titre donne donc une idée sur la manière dont ce dernier est jugé par le marché. Et le problème, c’est que les écarts pour des pays tels l’Irlande et la Grèce, et à degré moindre le Portugal et l’Espagne, sont en train d’augmenter. Cela signifie que les investisseurs estiment que le risque de défaut de remboursement de la dette souveraine irlandaise ou grecque est en train de s’aggraver en raison du marasme économique et de leurs difficultés budgétaires. Certes, les deux pays sont membres de la zone euro, et on a longtemps pensé que la monnaie unique faisait office de bouclier. C’est toujours le cas, mais l’euro n’est pas une paramécie qui, en se multipliant d’elle-même, gommerait à elle seule les déficits... Les chiffres sont d’ailleurs éloquents. En 2009, la Grèce, dont la note a été dégradée par Fitch et mise sous surveillance par Moody’s, a émis pour 61 milliards d’euros de dette souveraine et ses besoins pour l’année prochaine sont d’ores et déjà évalués à 45 milliards d’euros. De son côté, l’Irlande a levé 34 milliards d’euros cette année et émettra pour 25 milliards d’euros en 2010. Et pour bien comprendre dans quel genre de climat ces levées de fonds devront se faire, il faut savoir que la zone euro dans sa totalité émettra pour plus de 1.000 milliards d’euros en 2010... Attentifs, les marchés se rendent compte que les banques commerciales dans les PIGS ont de moins en moins d’appétit pour les obligations souveraines qui, en temps normal, constituent pourtant une bonne partie de leurs placements peu risqués. La BCE en ligne de mire Trop d’emprunteurs, des montants importants à lever et des prêteurs réticents... Cela signifie que des pays fragiles comme les PIGS devront emprunter au prix fort ce qui, le cercle vicieux est connu, les obligera à émettre toujours plus de dette ne serait-ce que pour rembourser des intérêts en hausse. Plus inquiétant encore, la Banque centrale européenne (BCE) ne semble pas se presser pour baisser ses propres taux. Du coup, les banques secondaires vont avoir du mal à emprunter à de bonnes conditions pour acheter éventuellement les obligations souveraines émises par les PIGS. De là à se détourner de ces titres ou à exiger des rémunérations dignes d’un usurier il n’y a qu’un pas. Et cela commence à sérieusement inquiéter les investisseurs qui parient sur une intervention prochaine du Fonds monétaire international (FMI) en faveur de ces pays. |
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